Une commission pour plus d'égalité entre les citoyens en Allemagne // Les écoles des réfugiés palestiniens en danger au Liban

3 octobre 1990, il y a 28 ans cette semaine, l'Allemagne est réunifiée. Le Mur de Berlin est tombé un an plus tôt. L'ancienne partie du pays administrée par le régime communiste, la RDA, est rattachée à la République fédérale. L'Allemagne s'enrichit de cinq nouvelles régions et redevient un pays à 16 Länders. Le 3 octobre est depuis resté fête nationale en Allemagne, jour férié dans tout le pays. Mais 28 ans après cette réunification, les conditions de vie des 83 millions d'habitants sont loin d'être les mêmes, à l'Est et à l'Ouest. Le problème n'est pas nouveau, mais le gouvernement vient de créer une commission pour tenter de le contrer sérieusement. 

Écouter : "En Allemagne, à l’Est on travaille plus pour gagner moins" - Vu d'Allemagne 22 08 18

Lire : Bilan mitigé après 28 ans de réunification allemande

Inégalités Est-Ouest 

Les inégalités dont il est question viennent une nouvelle fois d'être mises en lumière par un rapport. Le rapport sur l'état de l'unité allemande, présenté chaque année avant la fête nationale, et dont l'édition 2018 vient d'être publiée officiellement. "Globalement, nous avons plus de raisons d'être fiers, que de raisons d'être sceptiques. Le rapport de cette année montre que le nivellement des niveaux de vie a déjà bien progressé", estimait Christian Hirte, le représentant du gouvernement fédéral pour les nouveaux Bundesländer, ceux de l'Est, qui étaient sous régime communiste avant la réunification. 

Un jugement plutôt positif qui seul ne suffit pas à comprendre le rapport. Celui-ci fait une nouvelle fois le constat des inégalités entre Est et Ouest du pays. À l'Est par exemple, la durée de travail est plus longue qu'à l'Ouest alors que les revenus sont en moyenne jusqu'à 15% inférieurs. Le tissu économique est toujours différent, la population plus vieille, les niveaux de retraites plus bas. 

Inégalités villes-campagnes

La lutte contre ces inégalités, pas nouvelles, a été affichée comme une priorité du gouvernement dans son contrat de coalition. Fin septembre une commission a été créée à cet effet. Der Komission „Gleichwertige Lebensverhältnisse", "la commission des conditions de vie équivalentes". Les élus ont jusqu'à juillet 2019 pour faire des propositions concrètes pour tendre vers plus d'égalité, dans tout le pays, de l'Est à l'Ouest mais aussi du Nord au Sud. Ils seront aidés d'acteurs économiques ou de la société civile dans leur travail. 

Angela Merkel a d'ailleurs pris la parole dans un podcast en ligne récemment pour défendre cette commission. La chancelière allemande est revenue sur les inégalités entre Est et Ouest mais aussi entre villes et campagnes. "Nous avons des zones rurales, où les gens ont peur en vieillissant de ne plus avoir leur propre voiture, indispensable pour aller en ville, parce que le médecin n’est pas tout proche. Ces craintes et ces préoccupations, très différentes dans les zones urbaines et les zones rurales, nous voulons les prendre en considération et essayer de créer des conditions de vie équivalentes", disait-elle. 

Et la chancelière d'annoncer, sans précisions ni projets concrets pour le moment, des investissements dans les zones rurales ou encore des constructions en ville pour faire face à la hausse des loyers dans de nombreuses villes. Le gouvernement veut aussi travailler à l'amélioration des transports publics pour que des citadins n'hésitent plus à déménager à la campagne. Cela vaut aussi pour Internet ou les réseaux de téléphonie mobile : un entrepreneur n'ira pas s'installer dans un village s'il ne peut communiquer avec ses clients depuis chez lui. 

Le problème de villes endettées

Ces premiers axes de travail semblent plutôt positifs pour la journaliste allemande Julia Friedrichs, spécialisée sur ces questions et qui a beaucoup travaillé à l'Est. Elle s'exprimait chez nos confrères de la radio Deutschlandfunk tout récemment. "Ce sont autant de domaines où on a l'impression qu'en Allemagne ce ne sont pas les mêmes standards partout. Je trouve qu'il est indispensable que le gouvernement dise que nous avons un seuil de qualité en-dessous duquel on ne doit pas descendre, sur les transports de proximité par exemple. Naturellement, ça doit pas être pareil partout, mais je trouve vraiment important qu'on dise qu'on ne descend pas en-dessous de ce niveau", réagissait-elle.

Au total, la commission a été divisée en cinq groupes de travail : économie et innovation, aménagement du territoire, infrastructures, services publics, cohésion sociale et dette des communes. Un dernier point important car certaines communes sont déjà très endettées en Allemagne. Plus de la moitié ont même augmenté leurs impôts locaux et sur les entreprises selon une étude récente. Le président du regroupement des communes allemandes Markus Lewe appelle donc à des allègements de dette pour certaines municipalités.

Il évoque le cas de celles qui ont perdu beaucoup d'argent car de grosses entreprises minières ou des chantiers navals ont fermé. "C'est en quelque sorte un cercle vicieux, souvent lié à des prestations sociale élevées, qu'il faut financer. Une fois dans cette situation budgétaire compliquée, il n'y a plus d'entreprises qui viennent s'installer, vous perdez des emplois. Pour inverser cette spirale négative, pour pouvoir investir à nouveau, pour attirer à nouveau dans ces villes, il est nécessaire de résoudre ce vieux problème d'endettement", justifie-t-il. 

Appel au respect

"Ouest et Est, ensemble pour le futur de l'Allemagne et de l'Europe" - Le 3 octobre 1990, au pied de la porte de Brandebourg à Berlin.

Concernant la cohésion, Angela Merkel a appelé a établir des contacts entre personnes "établies depuis longtemps en Allemagne et personnes arrivées plus récemment". Une manière d'appeler au respect de chacun et des migrants, alors que l'extrême droite ne cesse de gagner des sympathisants dans les sondages.

Des élus de l'Est ont aussi appelé, à la veille de la fête nationale, à plus de respect dans la presse. "Les habitants de l'Est subissent des blessures émotionnelles quotidiennes", disait par exemple un élu de gauche. "Pourtant il ont fait autant que les gens de l'Ouest pour l'unité allemande. Ils travaillent plus et gagnent moins et ont les traite encore d'ingrats. Ils n'ont d'ailleurs pas besoin de gratitude mais de respect", disait Bodo Ramelow, le ministre président du Land de Thuringe. 

28 ans après la réunification allemande, unité ne signifie pas encore l'égalité en Allemagne. Un chantier, véritable défi pour Angela Merkel qui effectue probablement son dernier mandat. L'avenir dira s'il a permis à la chancelière de laisser une image positive ou non dans la société allemande sur ce point. 

Les écoles des réfugiés palestiniens en danger au Liban

Le camp de réfugiés Chatila au Liban.

Dans le deuxième partie de Vu d'Allemagne, votre magazine s'ouvre sur le monde une nouvelle fois. Direction le Liban cette semaine dans les écoles où étudient les petits réfugiés palestiniens. Des écoles et des camps où ils sont logés qui sont en danger, car l'agence pour les réfugiés palestiniens de l'ONU, l'UNRWA, qui finance les services sur place, manque cruellement d'argent. 360 millions de dollars de trou budgétaire depuis l’annonce américaine de mettre un terme à sa contribution.

Des solutions provisoires ont été trouvées, mais enseignants, médecins, parents d’élèves et écoliers palestiniens au Liban vivent dans la peur. "La crainte des 174 000 réfugiés palestiniens au Liban", c'est un reportage dans les camps de réfugiés de Chatila et Bourj el-Barajneh d'Emmanuel Hadad. 

Et puis, dans ce magazine aussi : pause musicale avec Marius Müller Westernhagen, un des chanteurs allemands les plus populaires. On revient sur un live de 1989 qui se vendra à 1 million et demi d'exemplaires ! Un symbole de la réunification qui n'était pas vraiment prévu pour ça... 

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