Transformation surprenante pour la maison natale d'Hitler

Que faut-il faire de la maison natale d'Hitler en Autriche ? La détruire, la transformer en musée ou encore en faire des logements ? Le sujet a fait l'objet de débats, de manifestations ou encore de reportages dans les médias depuis des années. Finalement décision a été prise cette année de ne pas détruire le bâtiment. Il va servir au quotidien et le projet se veut un symbole "pour la protection contre la persécution, la justice et la démocratie". 

Un bâtiment du 17ème siècle

Au 17ème siècle, cette maison à Brunau, une banlieue de Salzbourg en Autriche, était constituée de deux bâtiments et hébergeait une brasserie. Plus tard, les bâtiments ont été réunis et complétés par des appartements à louer. Vers la fin du 19ème siècle, un couple emménage dans l’immeuble. Le 20 avril 1889, naît leur troisième enfant : Adolf Hitler. Il n'y restera que jusqu'à son troisième anniversaire, mais l'endroit est resté un symbole. 

Transformé en centre culturel par les Nazis

"Plus jamais de fascisme", dit cette plaque devant la maison natale d'Hitler

À l’époque du nazisme, le parti antisémite NSDAP fait de la maison natale de son "Führer" un centre culturel en son honneur. On y trouvait une galerie d’art et une bibliothèque publique. Après la guerre, les troupes américaines transforment le bâtiment en mémorial. Et dans les années qui suivent, la maison abritera une bibliothèque, une école et, pendant 30 ans, un atelier pour personnes handicapées. Celui-ci fermera ses portes en 2011.

Depuis, la maison est vide. Six ans plus tard, et après autant d'années de désaccord sur son utilisation, les autorités autrichiennes exproprieront la propriétaire. L'idée de détruire le bâtiment a d'abord été évoquée. Mais la loi sur la protection du patrimoine a empêché le projet d'aboutir. 

Et finalement en poste de police

Après toutes ces années la maison va finalement devenir le siège de la police municipale de Brunau. Cette idée est née lors d’un concours d'architecture. Le ministère de l'Intérieur l'a lancé l'an dernier. Ce qui a beaucoup plu au jury, c’était l’idée de transformer l’extérieur du bâtiment pour qu’il n’attire plus l’attention. Pour l’instant, la façade ressemble encore trop à celle des images d’archives de la période nazie et on craint que la maison devienne un lieu de pèlerinage pour les néo-nazis. 

L’idée est donc d’éliminer une fois pour toutes la mémoire de l'époque du nazisme et d’empêcher l'entretien, la promotion ou la diffusion des idées nationales-socialistes. Même si la maison en elle-même n’a jamais été un lieu de crime ou d'atrocités.

A Vienne, en Autriche, une ancienne tour de Flak, tour anti-aérienne datant de la Seconde Guerre mondiale, a été transformée en "Maison de la mer" et accueille aussi un musée sur l'histoire du bâtiment

Que faire des bâtiments nazis ?

Dans la seconde partie de Vu d'Allemagne, votre magazine ouvre le débat : que faut-il faire de ces bâtiments construits, occupés ou utilisés par les Nazis ? Guilhem Zumbaum-Tomasi, historien, directeur du Musée des Huguenots à Berlin, qui a beaucoup travaillé sur la période de guerre et d'après-guerre en Allemagne, ainsi que sur le travail de mémoire, apporte des clés pour répondre à ces questions. Il revient notamment sur les transformations déjà effectuées depuis 1945 de certains bâtiments. 

Marcello La Speranza, historien et archéologue à Vienne, née dans la capitale autrichienne, s'est lui aussi intéressé à l'histoire de ces bâtiments et leur devenir. Il revient également sur le sujet et explique pourquoi il est important de ne pas détruire tous ces lieux. En 2016, il publiait "Brisante Achitektur", "Architecture explosive, les héritages de l'époque nazie".

Tous deux reviennent également sur les débats entourant la tranformation de ces bâtiments lors de projets à Münich, Berlin, Vienne ou encore au bord de la mer baltique. 

Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30TU, et disponible aussi en podcast. Vous retrouvez tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts.