Mali : les raisons des violences contre les peuls | PROGRAMME | DW | 29.03.2019
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Mali : les raisons des violences contre les peuls

C'est toujours l’indignation au Mali, après les massacres commis le 23 mars 2019 envers la communauté peule du village d’Ogossagou, dans le centre du pays. Même si l’identité des auteurs de ce massacre n’a pas été établie, diverses sources accusent la milice d’auto-défense armée Dogon "Dan Nan Ambassagou". Certains soupçonnent aussi cette milice d’être soutenue par les autorités maliennes.

Juste au lendemain du drame, une délégation ministérielle et de responsables militaires maliens s'est rendue dans le village peul du centre du pays où quelque 130 personnes ont été massacrées le samedi 23 mars par de présumés chasseurs dogons, le plus lourd bilan d'une attaque au Mali depuis plus de six ans.

Cette tuerie, la plus sanglante depuis la fin des principaux combats de l'opération lancée en 2013, à l'initiative de la France, pour chasser les groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays, s'est produite en pleine visite du Conseil de sécurité de l'ONU au Mali et au Burkina Faso voisin.


La milice "Dan Nan Ambassagou" pointé du doigt

Même si l’identité des auteurs de ce massacre n’a pas été formellement et officiellement établie, une partie de l’opinion accuse la milice d’auto-défense Dogon "Dan Nan Ambassagou". D’autant que depuis 2014 et l’apparition dans le centre du Mali du groupe jihadiste d’Amadou Koufa, un peul, des affrontements se multiplient entre les membres de cette communauté et les ethnies bambara et dogon qui appartiennent à la milice "Dan Nan Ambassagou".

Selon Abdoul Aziz Diallo, président de Tabital Puulaku, la plus grande association peule au Mali, la milice profite de la complaisance des autorités.
"Cette milice agit impunément au vu et au su de tout le monde. Elle est légalement reconnue par le gouvernement. C'est une milice militaire, parce qu’elle est structurée de façon militaire. Il y a un chef d'état-major, un chef d’état-major général adjoint, qui est fortement armé avec des armes de guerre. Même s’ils ne sont pas soutenus, en tout cas, ce sont des miliciens qui sont tolérés", a t-il expliqué à la DW.

Les autorités prennent acte

Pour sa part, le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga a reconnu que la milice Dan Nan Ambassagou "s'est écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales". C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, "la protection des populations restera le monopole de l'Etat".


Lundi 25 mars, le président malien s'est rendu sur les lieux du drame dans le village d'Ogossagou-Peul. "Il faut la sécurité ici, c'est votre mission", a déclaré Ibrahim Boubacar Keïta au nouveau chef d'état-major de l’armée, le général Aboulaye Coulibaly.

Indignation et condamnation internationale

Dans un communiqué, le président de la Commission de l’Union africaine a fermement condamné cette attaque jugée ignoble contre des civils innocents et sans défense. Le tchadien Moussa Faki Mahamat a souligné la nécessité d'identifier les auteurs et les traduire en justice. Réaction similaire de l’Union européenne qui a appelé dimanche à des "mesures immédiates", dont "le désarmement et le démantèlement de l'ensemble des milices qui sévissent" dans le centre du Mali.  Ou encore de la  France qui "salue l'engagement du gouvernement malien à dissoudre les milices qui alimentent la terreur dans cette région et qui doivent être désarmées".

Les Peuls sont souvent à tort soupçonnés de collusion avec les djihadistes par les Dogons. En raison notamment de la présence depuis 2015 dans le centre du Mali du mouvement armé du prédicateur radical peul Amadou Koufa, allié à plusieurs groupes islamistes.

Quelles sont les  raisons de l'émergence de la violence ethnique au Mali ?

Eric Topona a analysé cette problématique avec ses invités sous l’Arbre à Palabres cette semaine :

-Brema Ely Dicko, le chef du département socio-anthropologie de la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation de l’Université de Bamako.

-Hamidou Ongoïba, Vice-président de l’Association Ginna-Dogon.

Et Boubacar Salif Traoré, spécialiste des questions de défense et de géopolitique.

Pour écouter l’intégralité du débat, cliquez sur l’image ci-dessus.