Le Reichstag, ancêtre du Bundestag // Les Afro-Brésiliennes retrouvent leurs cheveux naturels | PROGRAMME | DW | 24.03.2021
  1. Inhalt
  2. Navigation
  3. Weitere Inhalte
  4. Metanavigation
  5. Suche
  6. Choose from 30 Languages

PROGRAMME

Le Reichstag, ancêtre du Bundestag // Les Afro-Brésiliennes retrouvent leurs cheveux naturels

Il y a 150 ans s'est tenue à Berlin la première session du Reichstag, première assemblée parlementaire de l'histoire allemande à être élue au suffrage universel. Un premier pas vers la participation des citoyens à la vie politique. // Au Brésil, de plus en plus de femmes afro-brésiliennes ont entamé une "transition capillaire" et privilégient les cheveux au naturel pour affirmer leur identité.

Le Bundestag est la carte de visite de la démocratie allemande. 709 députés élus siègent actuellement dans le bâtiment historique du Reichstag à Berlin, dont la salle plénière est couverte d'une immense coupole de verre, symbole de la transparence politique. Les députés d'aujourd'hui ont pour mission de légiférer, de contrôler le travail du gouvernement et de débattre des orientations politiques… Ils élisent aussi le chancelier – ou la chancelière – fédéral tous les quatre ans.

Lorsque le premier Reichstag élu de l'Empire allemand a tenu sa session inaugurale, le 21 mars 1871, ses 382 représentants démocratiquement élus n'auraient même pas imaginé en rêve avoir des pouvoirs aussi étendus!

Une démocratie de façade

Le siège provisoire du Reichstag, dans la Leipziger Straße, avant la construction de l'actuel bâtiment

Le siège provisoire du Reichstag, dans la Leipziger Straße, avant la construction de l'actuel bâtiment

L'Empire avait été fondé quelques semaines plus tôt, en janvier 1871. À sa tête, l'Empereur Guillaume 1er, également roi de Prusse. La constitution impériale lui accorde de larges pouvoirs : il dirige les affaires étrangères, commande l'armée et l'administration… et il a désigné Otto von Bismarck comme chancelier. C'est celui-ci qui est d'ailleurs à l'origine de la rédaction de la constitution impériale. S'il n'en tenait qu'à ces deux-là, les habitants de l'Empire devraient rester de simples sujets. 

Mais la révolution de 1848 est passée par là. Et Guillaume 1er et Otto von Bismarck ne peuvent pas ignorer les velléités démocratiques des citoyens, comme l'explique l'historien Christoph Nonn, de l'Université Heinrich Heine de Düsseldorf.

"Il leur aurait été difficile de gouverner tête baissée, parce qu'en Prusse aussi, il y avait déjà un parlement et une chambre des représentants depuis 1850. Ils n'ont simplement pas osé. Dans le fond, la révolution de 1848 a été un signal assez clair que ça ne pouvait pas marcher sans une certaine participation de la population à la politique."

La participation des citoyens est donc assurée par le Reichstag, élu au suffrage universel. 

À l'origine, Bismarck l'a conçue comme une simple chambre d'enregistrement. Ainsi, le Reichstag a l'initiative des lois, mais celles-ci peuvent être bloquées par le Bundesrat.

L'empereur Guillaume 1er et son chancelier Otto von Bismarck

L'empereur Guillaume 1er et son chancelier Otto von Bismarck

Cette assemblée, qui réunit des représentants des 25 États de l'Empire – principalement des nobles – est largement contrôlée par la Prusse. Elle est censée agir comme un rempart conservateur pour limiter les aspirations démocratiques du Reichstag. L'Empereur peut d'ailleurs dissoudre le Reichstag à tout moment avec l'accord du Bundesrat.

Mais la révolution industrielle et le développement économique et social des deux dernières décennies ont également donné un élan à la bourgeoisie qui veut désormais avoir son mot à dire, explique encore Christoph Nonn. 

"L'industrialisation, tout d'abord, a affaibli les anciennes élites aristocratiques rurales et renforcé les nouvelles élites bourgeoises industrielles. Les mouvements de masse des ouvriers de l'industrie, l'ensemble du développement économique, la politisation fondamentale qui a eu lieu dans l'empire, tout cela a conduit la population à prendre de plus en plus confiance en elle et à exiger ensuite beaucoup plus d'influence à travers ses partis."

Alors de quelle population parle-t-on ici ? Certes, l'élection du Reichstag se fait au suffrage universel, mais cela n'a rien à voir avec les élections d'aujourd'hui...

Une certaine idée de la maturité politique

Seuls les hommes de plus de 25 ans sont autorisés à voter, mais pas tous. Les pauvres sont exclus du vote. Ils sont considérés comme "influençables" car recevant des aides de la part des communes… Les soldats en service militaire n'ont pas non plus le droit de participer. Explication de l'historien Andreas Biefang, membre de la commission du Bundestag sur le parlementarisme.

Les dernières élections du Reichstag ont eu lieu en 1912, avant la Première Guerre mondiale et la fin de l'Empire en 1918

Les dernières élections du Reichstag ont eu lieu en 1912, avant la Première Guerre mondiale et la fin de l'Empire en 1918

"Les raisons sont liées à l'idée qu'on avait de la maturité politique des électeurs masculins. Cette conception de la maturité impliquait une indépendance économique, et aussi de ne pas être soumis à une direction militaire. Les soldats ne pouvaient pas donc exercer ces droits civiques, afin de ne pas introduire de conflit politique dans l'armée, et inversement afin de ne pas être dépendant des ordres." 

Le système de vote majoritaire et la division des circonscriptions profitent par ailleurs aux conservateurs. Ils sont bien représentés dans les régions rurales, tandis que les partis qui défendent les intérêts des ouvriers sont défavorisés par le fait que leur électorat se trouve dans les zones urbaines plus peuplées et que celles-ci envoient proportionnellement moins de députés au Reichstag.

Les conditions de vote sont également discutables: en théorie, le vote est libre et secret, mais il faudra attendre la réforme électorale de 1903 avant d'avoir des bulletins de vote officiels, des isoloirs et des urnes.

La place des débats dans la vie quotidienne

Quoi qu'il en soit, le Reichstag qui ne devait être qu'un organe de façade devient vite incontournable. Et la participation aux élections augmente de législature en législature: alors qu'elle est d'environ 50% aux premières élections de 1871 (cela représente seulement 20% de la population!), elle atteint plus de 80% lors des dernières élections du Reichstag en 1912.

Les débats du Bundestag intéressent beaucoup moins le public qu'à l'époque de Guillaume 1er

Les débats du Bundestag intéressent beaucoup moins le public qu'à l'époque de Guillaume 1er

"On peut voir que le vote est devenu de plus en plus important pour les électeurs", ajouteAndreas Biefang. "Ils estimaient que participer à l'élection du Reichstag était important pour eux, pour leur vie personnelle. Et c'est parce que le Reichstag décidait beaucoup de choses qui avaient un rapport direct avec leur vie."

Des chiffres de participation à en faire pâlir de jalousie le Bundestag d'aujourd'hui et qui trouvent sans doute leur origine dans la place que le Reichstag occupait dans le quotidien des citoyens de l'Empire. Les sessions étaient enregistrées en sténographie, les discours des députés publiés dans les journaux… Un intérêt que confirme Christoph Nonn, de l'université Heinrich Heine de Düsseldorf: "Ce qui était discuté là-bas faisait l'objet de conversations quotidiennes – chez les coiffeurs, sur les marchés, dans les blanchisseries, etc., les gens parlaient de ce qui avait été débattu au Reichstag."

Si aujourd'hui la démocratie parlementaire est une évidence,  les débats au sein du parlement reçoivent beaucoup moins d'attention. Ce qui, selon Christoph Nonn, explique peut-être les dérives de certains députés qui, loin des regards, seraient plus tentés de céder à des pressions de la part de lobbys.

++++++++++++++++++++++++++++++++

Les Afro-Brésiliennes préfèrent le cheveu naturel

Carolina a découvert ses cheveux à 32 ans, elle a mis du temps avant de se voir comme une femme noire

Carolina a découvert ses cheveux à 32 ans: "j’ai mis du temps avant de me voir comme une femme noire"

Plus de la moitié de la population brésilienne est noire ou métis… et elle souffre encore bien souvent de racisme. Conséquences : beaucoup de Brésiliennes se lissaient les cheveux pour répondre à ces modèles de beauté dits « européens ». Mais cette tendance est en train de changer… L’affirmation d’une identité afro-brésilienne résulte d’une prise de conscience politique… qui se traduit aussi dans le soin des cheveux. Ce qu’on appelle ici la « transition capillaire », c’est quand les femmes (et aussi certains hommes) valorisent leurs cheveux naturels, crépus… Un reportage de Marie Naudascher à São Paulo.

 

Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30TU, et disponible aussi en podcast. On participé à ce numéro: Ralf Bosen (sujet sur le Reichstag) et Marie Naudascher (reportage au Brésil).Vous retrouvez tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts.