Le "made in Portugal" en plein essor // L'Allemagne mise sur la voiture électrique | PROGRAMME | DW | 20.11.2018
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PROGRAMME

Le "made in Portugal" en plein essor // L'Allemagne mise sur la voiture électrique

Le Portugal renoue avec la croissance et c'est grâce à ses petites entreprises qui ont su innover après la quasi-faillite de 2010. L'Allemagne veut donner un coup d'accélérateur au développement des véhicules électriques et ramener la production de batteries en Europe.

Il y a dix ans, la crise des subprimes partie des États-Unis allait plonger de nombreux pays du monde dans de graves difficultés économiques.

Ce fut le cas du Portugal, dont l'économie connaissait déjà d'importants problèmes structurels avant la crise. Malgré le prêt de 78 milliards d’euros du FMI et de l’Union européenne, de nombreuses entreprises ont fait faillite.

L'usine de crayons à papier Viarco, à Sao joao da Madeira, dans le nord du Portugal, a réussi à se maintenir grâce à l'innovation

L'usine de crayons à papier Viarco, à Sao joao da Madeira, dans le nord du Portugal, a réussi à se maintenir grâce à l'innovation

Le chômage a grimpé à 18 %, entraînant dans la foulée une crise politique de grande ampleur.

Ces dernières années, le Portugal a lentement mais sûrement remonté la pente, tournant le dos à la politique d'austérité imposée par ses créanciers.

Et certaines usines traditionnelles ont su rebondir. Aujourd’hui elles rembauchent, produisent, exportent et innovent. Histoires de succès made in Portugal, un reportage de  Marie-line Darcy.

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Tous en voiture... électrique !

Les constructeurs automobiles européens veulent rattraper leur retard

Les constructeurs automobiles européens veulent rattraper leur retard

En difficultés depuis le scandale du "Dieselgate", les constructeurs automobiles européens cherchent des solutions pour proposer des voitures plus propres. La voiture électrique est présentée comme le modèle d'avenir, la réponse au défi environnemental. 

L'Allemand Volkswagen, en première ligne du scandale de mesure des émissions polluantes, va ainsi consacrer 44 milliards d'euros à la mobilité électrique ces cinq prochaines années. 

Pour l'instant, le marché de l'électro-mobilité a du mal à décoller en Europe : coût d'achat trop élevé, autonomie trop faible ou temps de recharge de la batterie trop long... tant d'arguments qui font hésiter les consommateurs.

Le gouvernement allemand veut donc aider l'industrie automobile à se reconvertir. Le secteur représente près de 20% du revenu total de l'industrie allemande et emploie environ 820.000 personnes.

Les batteries de la prochaine génération doivent être produites en Europe selon le souhait de l'Allemagne

Les batteries de la prochaine génération doivent être produites en Europe selon le souhait de l'Allemagne

La semaine dernière, le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, a annoncé une enveloppe d'un milliard d'euros pour lancer la fabrication de batteries de voitures électriques en Europe. C'était lors d'un congrès consacré à l'électro-mobilité à Berlin:

"Nous voulons que les batteries soient produites à grande échelle en Europe. Notre objectif est que d'ici 2030, environ 30% de la demande mondiale en cellules de batteries soit issue de la production allemande et européenne."

Réduire la dépendance aux pays asiatiques

C'est en effet la batterie qui est l'élément le plus coûteux et le plus complexe dans la production d'une voiture électrique.

À l'heure actuelle, le marché est monopolisé par des entreprises implantées en Asie. Il s'agit donc aussi de diminuer la dépendance à ces pays et pour cela, Berlin est prêt à donner un coup de pouce financier. 

Mais certains experts accueillent cette idée avec réserve. Andreas Jung, de l'Institut de l'Économie allemande (IW) à Cologne, a par exemple de "sérieux doutes" sur la viabilité du projet. 

Il faut compter actuellement minimum 30 minutes pour recharger une voiture à une borne de station service

Il faut compter actuellement minimum 30 minutes pour recharger une voiture à une borne de station service

"Nous parlons ici d'une technologie existante de cellules lithium-ion et les fabricants asiatiques ont un avantage considérable en termes de connaissances, à la fois dans la chimie cellulaire - c'est-à-dire ce que l'on met dans la batterie - et dans la fabrication de ces cellules", explique l'expert.

Selon lui, il serait beaucoup plus logique d'entrer en compétition pour la prochaine génération de cellules de batterie. "Avec la technologie d'aujourd'hui, je ne pense pas qu'on puisse construire une alternative économiquement viable." 

L'offre du gouvernement a plus de succès auprès des industriels allemands. Le spécialiste allemand de batteries Varta, qui produit entre autres des piles pour appareils audios, a conclu lundi (19.11.2018) un accord de coopération avec l'Institut Fraunhofer, pour se lancer dans la production de batteries "made in Germany".

Le groupe de chimie BASF, la filiale allemande de Ford et Volkswagen font également partie des entreprises qui pourraient rejoindre le consortium.

La voiture électrique n'est pas la solution miracle

Rien ne semble arrêter la voiture électrique, et pourtant elle est loin d'être la solution miracle. Au contraire même, à en croire Helmut Becker, de l'Institut d'analyse économique.

Tant que l'électricité utilisée dans les batteries proviendra d'énergies fossiles, le problème environnemental n'est pas résolu

Tant que l'électricité utilisée dans les batteries proviendra d'énergies fossiles, le problème environnemental n'est pas résolu

Interrogé par la radio publique allemande Deutschlandfunk, il remet notamment en question l'impact environnemental de ce mode de transport. C'est bien beau de chasser les émissions polluantes hors des villes, mais "aujourd'hui encore, 60% de notre électricité provient du charbon, et cette électricité se retrouve donc naturellement aussi dans les batteries des voitures".

L'économiste soulève une autre question, celle de la fabrication des batteries, hautement toxique et... polluante. Actuellement, "ces émissions ne se produisent pas en Allemagne ou en Europe, mais en Asie et ailleurs". 

Ramener la production de batteries en Europe risque donc d'apporter son lot de problèmes environnementaux...

Il y a, enfin, la question éthique. Il faut du cobalt pour produire une batterie, un minerai exploité notamment en République démocratique du Congo, souvent en violation des droits humains élémentaires.