1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Covid-19 : les droits humains foulés au pied en Afrique

Reliou Koubakin
28 décembre 2020

La Covid-19 a conduit à des restrictions des libertés individuelles et collectives en Afrique. Pourtant, ces restrictions vont continuer en 2021.

https://p.dw.com/p/3nHsC
Le virus a impacté le déroulement de l’apprentissage sur le continent africain
Le virus a impacté le déroulement de l’apprentissage sur le continent africain Image : Simon Maina/AFP/Getty Images

Couvre-feux, interdictions de rassemblements... La Covid-19 a entraîné dans presque tous les pays des restrictions des libertés individuelles et collectives.

L'année 2020 touche à sa fin mais la pandémie est toujours présente, aussi les restrictions seront-elles maintenues au moins au début de l'année nouvelle qui s'annonce. Et dans les pays africains aussi.

Lire aussi → Guinée : début de la campagne et interdiction de manifester

En Guinée par exemple, personne ne sait quand les manifestations seront de nouveau autorisées. Au nom de la lutte contre la Covid-19, le gouvernement a en effet interdit toute manifestation jusqu’à nouvel ordre. Une interdiction qui est survenue en pleine contestation contre un troisième mandat d’Alpha Condé.

La détention continue pour des opposants

Selon Alseny Sall, membre de l’Organisation guinéenne des droits de l’Homme et du citoyen (OGDH), il s'agit-là d'une décision arbitraire et abusive pour contraindre les populations.

"Elle (l'interdiction de manifester) constitue aujourd’hui vraiment un moyen sûr pour bâillonner l’opposition mais aussi tous les opposants d'un troisième mandat du président Condé", estime l’activiste des droits humains.  

La crise a empêché que certains puissent exercer leurs activités (Ghislain Kossi Nyaku)

Plusieurs opposants guinéens sont d'ailleurs en détention actuellement alors que la plupart des pays soucieux des droits humains décongestionnent leurs prisons pour éviter la propagation du virus, rappelle Alseny Sall de l’OGDH.

Au Mali, l’état d’urgence a été décrétée alors qu’au Nigeria, les violences policières et militaires dans la foulée des mesures sanitaires ont fait plusieurs morts. Le couvre-feu est toujours en vigueur.

Faire preuve de pédagogie

Un nouveau couvre-feu a été aussi décrété au Togo, au moins jusqu’au 3 janvier prochain. Là-bas aussi les premières mesures d’interdiction des rassemblements ont été prises en mars 2020, à l'apparition des premiers cas dans le pays, coïncidant ainsi avec la contestation de la réélection du président Faure Gnassingbé.

Lors du premier couvre-feu de mars, la police avait fait preuve de violence contre des civils suspectés de ne pas avoir respecté les mesures sanitaires anti-coronavirus. Le collectif des associations contre l’impunité au Togo (Cacit) a pu documenter au moins vingt allégations de violations des droits de l’Homme.

Ghislain Kossi Nyaku, directeur exécutif du Cacit indique ainsi que "Nous avons sorti deux ou trois communiqués. Le dernier parle de la nécessité pour les forces de l’ordre de ne pas confondre l’Etat d’urgence policière et l’état d’urgence sanitaire, d’aller dans une démarche pédagogique plutôt que dans une démarche répressive".   

Les cas de Covid-19 augmentent en Afrique avec son lot de restrictions
Les cas de Covid-19 augmentent en Afrique avec son lot de restrictions Image : hafiek Tassiem/REUTERS

Selon Ghislain Kossi Nyaku, la liberté de culte n’est pas non plus totalement respectée en ce moment alors que les droits économiques et sociaux des Togolais sont foulés au pied :  

"Les populations n’ont pas cette protection sociale et voilà que la crise a empêché que certains puissent exercer leurs activités."

Lire aussi →  Togo : la gratuité de l’accès à l’eau potable prorogée

Selon l’ONG International Idea, 61% des pays du monde avaient adopté fin novembre des mesures de lutte anti-Covid-19 inquiétantes du point de vue de la démocratie et des droits humains.

L’ONG américaine Freedom House a évalué à 80 le nombre de pays où les conditions démocratiques et les droits humains se sont détériorés cette année.

En avril déjà, la Haut-commissaire aux droits de l’Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, redoutait que la situation d’urgence sanitaire ne se transforme en une catastrophe pour les droits de l’Homme.

Selon Reporters sans frontières, les violations de la liberté de la presse favorisées par des lois d’exception ont conduit à des arrestations de journalistes, comme c'est le cas notamment au Rwanda.