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À Kin, la peur de payer une amende oblige à porter le masque

Jean Noel Ba-Mweze
29 avril 2020

S’ils respectent cette consigne, ce n’est pas par peur du coronavirus qui continue à se propager mais plus par crainte des amendes ou de la violence policière en cas de contrôle. C’est le constat fait à Kinshasa.

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Afrika Sambia Coronavirus Vorkehrungen
Image : picture-alliance/AP Photo/E. Mwiche

"J’ai porté ce masque parce que la police est en train de nous arrêter" (Kinois)

C’est depuis une semaine que les autorités congolaises ont rendu obligatoire le port des masques en public dans la capitale congolaise pour stopper la propagation du Covid-19.

La police est déployée à tous les coins de rue, même en tenue civile, pour arrêter toute personne qui circule sans masque.

L'amende et la brutalité policière

L’amende est de 5.000 Francs Congolais, environ 3 dollars américains, mais l’opération est entourée d’une brutalité que dénoncent les habitants.

Mosambik Maputo Coronavirus Herstellung von Masken aus Capulanas
Image : DW/R. da Silva

"J’ai porté ce masque parce que la police est en train de nous arrêter. Nous n’avons pas peur de la maladie nous n’avons peur de la police. Si on t’arrête, tu dois payer l’amende de 5.000 Francs", a reconnu un Kinois.

Un autre déclare : "je ne voulais pas au fait porter ça, mais si je le porte, c’est parce que lorsqu’on ne le porte pas, la police agresse, surtout en ce moment où on est en train de vivre la misère".

Des organisations de la Société civile qualifient l’amende d’illégale et estiment que les actes commis par la police sont arbitraires.

Parmi ces organisations, figure la Fondation Congolaise pour la promotion des droits humains et la Paix.

"C’est une décision illégale et non conforme aux lois de la République Démocratique du Congo. C’est une décision qui ne vise qu’à semer l’anarchie et cautionner les violations des droits de l’homme. Tous les comportements des policiers, des arrestations, des tortures qu’ils infligent aux paisibles citoyens sont des actes arbitraires et qui doivent être sanctionnés sévèrement conforment aux lois en vigueur, a estimé André Marie Kito, le président de l’organisation".

Doutes des Kinois 

Le président de la RDC, Félix Tshisekedi  avec son masque.
Le président de la RDC, Félix Tshisekedi avec son masque. Image : G. Kusema

Les Kinois sont encore très nombreux à douter de la présence du coronavirus en République Démocratique du Congo. C’est le cas de Mechack Ilumpa qui refuse d’y croire tant qu’il ne verra pas de vidéos montrant les malades.

"En Italie j’ai vu des vidéos, il y a mon ami qui est en Belgique qui m’a envoyé des vidéos sur Whatsapp. Ma grande sœur qui est en Chine m’a envoyé aussi des vidéos, j’ai vu plusieurs morts. Pour ici, c’est à la radio qu’on entend ça. Je n’ai pas vu de vidéo. Il n’y a que les radios, on ne peut pas croire à ça. Les Congolais aiment les vidéos".

Les autorités ont beau faire d’obliger la distanciation sociale et le respect des mesures d’hygiène, celles-ci sont difficilement observées, surtout dans les marchés.