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L'accueil des déserteurs russes en Allemagne

18 avril 2023

Le nombre de Russes demandant l'asile en Allemagne est en hausse depuis 2022. Ceci est notamment dû à la mobilisation des hommes décrétée en Russie pour les envoyer combattre en Ukraine.

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Des conscrits russes font la queue en rangs avant de partir pour leur service militaire (photo du 11 novembre 2022, dans la région de Sverdlovsk)
Tous les hommes qui devraient être mobilisés en Russie ne veulent pas aller se battre en UkraineImage : Donat Sorokin/dpa/TASS/picture alliance

Le nombre de ressortissants russes qui demandent l'asile en Allemagne est en forte augmentation. C'est ce qui ressort d'un rapport publié par l'Office fédéral pour la migration et les réfugiés (Bamf).

L'une des raisons de cette hausse des demandes de citoyens russes serait la mobilisation décrétée en Russie pour les envoyer se battre en Ukraine. Quant aux défenseurs des droits humains en Allemagne, ils réclament une meilleure protection des déserteurs.

Forte augmentation du nombre de dossiers

2.851 ressortissants russes ont demandé l'asile en Allemagne l'année dernière. Et au premier trimestre de cette année, ils étaient déjà 2.381. C'est-à-dire qu'en trois mois, plus de 83% du total des demandes déposées l'année dernière était déjà atteint.

Désormais, la Fédération de Russie est le septième pays d'origine le plus fréquent des demandeurs d'asile en Allemagne.

La proportion d'hommes parmi les personnes qui demandent l'asile est aussi en augmentation : elle est passée de 59% l'année dernière à 64% en 2023.

L'Office fédéral pour la migration et les réfugiés ne dispose pas de statistiques sur le nombre de déserteurs russes qui ont déposé un dossier. Mais il est probable que la hausse des demandes s'explique par la mobilisation décrétée par l'Etat russe pour soutenir ses troupes en Ukraine.

Capture d'écran d'une vidéo publiée par des soldats russes qui se plaignaient de leurs conditions de combat en Ukraine
Capture d'écran d'une vidéo publiée par des soldats russes qui se plaignaient de leurs conditions de combat en UkraineImage : @news_sirena/Telegram

Un enrôlement parfois forcé 

Un certain consensus règne dans la classe politique allemande pour faciliter l'accès à l'asile aux déserteurs russes. Pourtant, certains dossiers ont été refusés au motif suivant : "Il n'est pas raisonnablement probable que le demandeur soit enrôlé de force dans les forces armées contre sa volonté".

Or l'article 22 de la loi fédérale russe "sur le service militaire obligatoire" prévoit que tous les citoyens russes de sexe masculin, âgés de 18 à 27 ans, soient convoqués pour le service obligatoire dans l'armée russe. Et quiconque tente d'échapper à la mobilisation encourt plusieurs années de prison.

Par ailleurs, les défenseurs des droits humains notent qu'en dépit de ce que disent les autorités russes, qui minimisent la guerre en Ukraine en la nommant "opération spéciale", des convocations ne sont pas distribuées dans le respect des règles, ce qui fait que certains conscrits peuvent être convoqués sans préavis pour intégrer l'armée, le jour même où ils se présentent au commissariat.  

Les défenseurs des droits humains dénoncent également des contrôles inopinés dans la rue et des rafles opérées par la police à l'automne dernier, à Moscou et Saint-Pétersbourg par exemple, dans des centres d'accueil pour personnes sans-abri ou des foyers de travailleurs.

Les autorités russes ont elles-mêmes admis avoir recruté à tort 9.000 personnes – parmi lesquelles des réformés - lors de la mobilisation partielle. En réalité, ce sont sans doute davantage.

Protéger les déserteurs

C'est pourquoi des associations comme ProAsyl et Connection e.V. réclament des améliorations dans la politique d'accueil allemande. Selon ces structures, les déserteurs et les objecteurs de conscience de tous bords, qu'ils soient russes ou ukrainiens, devraient se voir accorder asile et protection en Allemagne et dans l'Union européenne.

ProAsyl et Connection ont même lancé une pétition sous le hashtag #ObjectWarCampaign. Celle-ci avait recueilli plus de 34.000 soutiens en milieu de semaine dernière.