Bénin : un scandale financier fait des milliers de victimes
19 décembre 2018Le procès ICC Services se tient à Portonovo, la capitale administrative et politique du Bénin. Cette affaire ICC Services est baptisée "l'affaire Madoff béninoise". Car c’est le plus gros scandale financier qu’a connu jusque-là le pays. C’est un rapport du Fonds monétaire international (FMI) qui a dévoilé cette vaste escroquerie.
Selon le FMI, 204 structures de placement d'argent, dont ICC Services, ont spolié au moins 150.000 épargnants entre 2006 et 2010. Pour un montant total estimé à plus de 150 milliards de francs CFA, soit près de 230 millions d'euros.
Pour convaincre leurs clients, les responsables d’ICC Services avaient promis des taux d'intérêt attrayants, oscillant entre 100 et 300%.
Thomas Yayi Boni cité
C’est l’ancien directeur général de ICC, Guy Aplogan, qui a cité le nom de l’ancien président béninois, Thomas Yayi Boni, lorsque l’un des juges lui a demandé les raisons de la cessation de paiement. Selon lui, "au moment de la crise", des hommes sont venus chercher "en hélicoptère" des coffres contenants quelque 27 milliards de francs CFA, qui se trouvaient dans la maison d'Emile Tégbénou, l'un des responsables de la société.
Lundi dernier, lors du premier jour d'audience, Pascal Irénée Koupaki, l'ancien Premier ministre de Thomas Yayi Boni, avait indiqué que les responsables d’ICC Services avaient "bénéficié" de couvertures et de largesses de la part du gouvernement de l'époque.
Emile Tégbénou, cité plus haut, a également déclaré que "plusieurs parents" de l'ancien chef d'Etat avaient été recrutés dans des compagnies proches d'ICC-Services. Joint par la DW, Thomas Yayi Boni n'a pas souhaité pour l'heure commenter cette actualité judiciaire.
Indemnisation des victimes
Cependant, la question que tout le monde se pose est celle de savoir si les victimes seront remboursées. Et si oui, par qui? "Normalement, c'est l'affaire des personnes privées. Elles doivent régler cela entre elles. Ceux qui seront déclaré coupables n'ont pas les moyens. Si on vendait même leurs biens, cela ne suffirait pas pour rembourser les personnes concernées. À un moment donné, il va falloir constater que les gens se sont fait avoir et passer à autre chose", a estimé Ibrahim Salami, professeur de droit à l’université d’Abomey-Calavi au Bénin.
Dans le cadre de cette affaire, dix personnes ont été entendues à la barre et seront jugées pour association de malfaiteurs, escroquerie, exercice illégal d'activité bancaire et corruption.