Kumut Imesh a fait son film avec un réalisateur de films documentaires indépendant originaire d’Australie : David Fedele.
Ils se sont rencontrés lors du tournage d’un film de David au Maroc, sur les conditions de vie des migrants aux frontières de l’enclave espagnole de Melilla. Mais David ne parle pas français et Kumut lui sert d’interprète. Les deux hommes sympathisent et Kumut lui fait part de son envie de tourner un film à son tour, sur son périple, pour témoigner. Kumut part avec du matériel d’enregistrement et reste en contact avec David Fedele. Au moment où il se fait arrêter et confisquer son matériel par des policiers au Niger, ils échangent des messages, montrés à l’écran, qui trahissent l’épuisement et la peur de Kumut. David se sent lui aussi désemparé de savoir son ami si loin, en prison.
"Je me sentais presque comme un entraîneur de foot. Il fallait que je sois pour lui un soutien moral, que je sois là dans une situation très difficile. Mais il fallait aussi que je sois celui qui l’encourage à continuer. Parce que lui, qui était en danger, ne pensait bien sûr plus au projet, mais juste à sortir de prison. Et j’ai pu donner à mon éloignement un sens positif, en lui donnant constamment une image plus large de la situation. Pas seulement le film, mais je pensais déjà aux éventuelles campagnes médiatiques qu’il faudrait lancer s’il n’était pas libéré, à contacter des avocats. Lui n’avait que sa situation en tête – moi aussi, bien sûr – mais en tant que manager du projet, je pensais aussi à d’autres choses, c’était très, très dur. Je lui ai dit qu’il pouvait être en colère contre moi, mais qu’il fallait qu’il me fasse totalement confiance. Et je crois qu’on a fait ce qu’il fallait à ce moment-là."
Pour écouter la première partie de l'entretien, c'est ici :