Allemagne : la mort d'un innocent en prison
4 octobre 2018Le 17 septembre, un incendie se déclare dans la cellule d'un jeune Syrien de 26 ans, Amed A. dans la prison de Kleve, en Rhénanie du Nord-Westphalie.
La fumée envahit l'espace. Amed est transféré à l'hôpital de Bochum où il est plongé dans un coma artificiel. Deux autres prisonniers et huit employés sont blessés.
Gravement brûlé, Amed est décédé samedi dernier. Sauf que depuis, l'administration a reconnu qu'il avait été emprisonné par erreur, confondu avec un voleur malien.
Le ministre régional de la Justice, Peter Biesenbach (CDU), a fait part de son émotion et annoncé l'ouverture d'une enquête qui doit "rapidement" faire toute la lumière sur cette affaire.
"Un scandale judiciaire"
L'opposition régionale, c'est-à-dire le SPD et les Verts principalement, condamnent les ratés de l'administration.
D'abord elle a fait arrêter début juillet puis enfermer pendant deux mois un homme qui n'avait rien fait. Le parquet de Hambourg affirme avoir demandé par deux fois si l'identité du prisonnier avait été éclaircie. Mais les vérifications d'usage n'ont pas été faites correctement.
En fait, la justice a confondu le Syrien avec un Malien recherché pour vol et qui avait, par hasard, utilisé le nom d'Amed A. comme nom d'emprunt.
Ensuite, l'opposition reproche également à l'administration pénitentiaire de n'avoir pas été capable de venir en aide à temps au jeune Syrien.
Des parallèles avec l'affaire Oury Jalloh
Cette histoire de demandeur d'asile qui périt dans un incendie dans sa cellule ravive le souvenir d'une autre affaire: celle d'Oury Jalloh, Sierra Léonais mort en 2005, également dans l'incendie de sa cellule.
A l'époque, l'enquête n'avait jamais pu établir avec certitude les causes de l'incendie. Un nouveau témoignage d'un gardien de prison a relancé la théorie de l'assassinat par des policiers allemands qui, selon cette hypothèse, auraient mis le feu à son corps préalablement aspergé d'essence et menotté.