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PolitiqueAllemagne

Allemagne: le mea culpa de Frank-Walter Steinmeier

Carole Assignon
5 avril 2022

Le président Frank-Walter Steinmeier a reconnu lundi (5 avril) avoir commis une "erreur" en soutenant la construction du gazoduc Nord Stream 2, entre la Russie et l'Allemagne.

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Deutschland | Frank-Walter Steinmeier im ZDF-Morgenmagazin
Le président allemand Frank-Walter SteinmeierImage : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Le mea culpa du président allemand Frank-Walter Steinmeier, fait suite aux critiques du président ukrainien Volodymyr Zelensky à l’encontre de certains dirigeants européens après la découverte de centaines de civils exécutés par les forces armées russes à Boutcha et dans d'autres localités en Ukraine. L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, que le président ukrainien a invité à venir "voir à quoi la politique de concessions envers la Russie a abouti", a pour sa part défendu son refus, en 2008, d'engager le processus d'admission de l'Ukraine au sein de l'Otan.

C’est à travers une courte déclaration publiée par sa porte-parole qu’Angela Merkel, qui a quitté la politique fin 2021, s’est prononcée au sujet des critiques de Volodymyr Zelensky. L’ancienne dirigeante a assuré qu’elle assumait "ses décisions du sommet de l'Otan de 2008 à Bucarest".

L'Allemagne s'était en effet prononcée à cette époque contre le lancement du processus d'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie, estimant qu'il ne s'agissait pas de démocraties assez stables.

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Des reproches

Avec la guerre en Ukraine et ses atrocités, l’ancienne chancelière Angela Merkel se voit désormais reprochée d'avoir manqué de fermeté face au président russe Vladimir Poutine et elle fait aussi l'objet de sévères critiques pour avoir rendul'Allemagne dépendante du gaz russe.

Frank-Walter Steinmeier et Vladimir Poutine en mars 2016 à Moscou.
Frank-Walter Steinmeier et Vladimir Poutine en mars 2016 à Moscou.Image : Mikhail Metzel/Tass/dpa/picture alliance

Mais contrairement à Angela Merkel ou encore l'ancien chancelier Gerhard Schröder qui reste, lui, proche de Vladimir Poutine et est par ailleurs président du conseil de surveillance de Rosneft, premier groupe pétrolier russe, et du comité d'actionnaires de Nord Stream 2, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, qui a été ministre des Affaires étrangères dans deux des gouvernements Merkel, a reconnu avoir commis une "erreur" en soutenant la construction du gazoduc Nordstream 2, entre la Russie et l'Allemagne.

Censé doubler la capacité d'approvisionnement de l'Allemagne en gaz russe, le gazoduc Nordstream 2 a finalement été suspendu sine die par Berlin en février.

Frank-Walter Steinmeier a expliqué qu’il pensait que "Vladimir Poutine n'accepterait pas la ruine économique, politique et morale de son pays pour sa folie impériale" mais, il le reconnait désormais, il s’est trompé. Ce genre d’excuse est rare parmi les dirigeants en fonction.

D'autres excuses

Angela Merkel n’est plus à la tête de l’Etat allemand mais on le voit, elle ne s’est pas excusée pour sa politique jugée trop compréhensive vis-à-vis de la Russie.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy au sommet de l'Otan de 2008 à Bucarest.
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy au sommet de l'Otan de 2008 à Bucarest.Image : Gerald Herbert/AP/picture alliance

En revanche, dans un tout autre registre, celui de la pandémie de Covid-19 alors qu’elle était encore chancelière, Angela Merkel s’était excusée pour le durcissement des règles sanitaires l’année dernière. 

" Cette erreur est mon erreur et mon erreur seule. Car à la fin, c’est moi qui porte la responsabilité de tout, de par mon mandat. Je regrette profondément cette erreur et je demande pardon aux concitoyennes et concitoyens pour la confusion qu’elle a pu causer", avait-elle déclarée à l’époque. 

Elle s’était alors démarquée de la plupart des dirigeants qui rechignent à s’excuser.

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Il y a aussi l’exemple du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, dont les excuses ont été exprimées après la parution d'un cliché datant de 2001 sur lequel il apparaissait maquillé de noir. Il avait alors reconnu la portée raciste de cette plaisanterie. 

Enfin, Justin Trudeau avait demandé pardon aux peuples autochtones du Canada mais cette fois au nom de l'Etat fédéral pour l’enrôlement de force pendant des décennies de dizaines de milliers d’enfants dans des pensionnats où ils ont été victimes de sévices.
 

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Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique