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L'armée russe de nouveau accusée de crimes de guerre

4 avril 2022

Des images macabres des environs de Kiev ont provoqué une onde de choc en Occident. Certains dirigeants parlent de "génocide". La Russie nie en bloc.

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"Le mal absolu est venu sur notre terre", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky après la diffusion d'images macabres montrant des dizaines de cadavres de civils, à Boutcha, dans les environs de Kiev.
"Le mal absolu est venu sur notre terre", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky après la diffusion d'images macabres montrant des dizaines de cadavres de civils, à Boutcha, dans les environs de Kiev.Image : Matthew Hatcher/SOPA/ZUMA/picture alliance

Depuis ce weekend, la ville de Boutcha est désormais associée à l'horreur et à la cruauté des forces armées russes; Un symbole pour toutes les autres localités ukrainiennes où les soldats de Vladimir Poutine se sont livrés à des actes assimilables à des crimes de guerre.

Dans les environs de Kiev mais aussi dans la région de Kharkiv, ou encore près de Marioupol, les informations concernant l'emploi de mines antipersonnel - interdites -, l'utilisation d'armes explosives dans des zones d'habitation ou des actes de violence à l'égard de populations civiles se multiplient.

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Minutieux travail de vérification 

Des informations que des organisations comme Human Rights Watch s'emploient à vérifier et à recouper. Dimanche, (3.4.2022) l'organisation a publié un nouveau rapport sur les exactions commises par l'armée russe dans les zones occupées.

Wenzel Michalski dirige la section allemande de HRW. Il revient, au micro de nos confrères de l'ARD, sur la façon dont l'ONG travaille : 

"Chaque personne a une perception différente. Un même événement n'est pas perçu pareil selon que vous êtes la victime, l'agresseur ou un témoin. Nous essayons donc de parler avec un maximum de personnes. Et quand les faits se recoupent, nous savons que la probabilité augmente pour que ce soit vrai. Nous utilisons des preuves vidéo, des preuves photos, des témoignages que nous trouvons aussi sur les médias sociaux. Et nous avons un département ultra-moderne avec une équipe de spécialistes qui nous aident à analyser toutes ces données."

Outre les exécutions sommaires, le rapport de Human Rights Watch fait état de viols et de pillages - des actes non isolés qui font penser que l'état-major russe, s'il ne les a pas planifiés, les tolère.

Moscou accuse l'Ukraine de falsification

A propos des massacres de Boutcha, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a évoqué des "falsifications" et mises en scène à destination de la presse.
A propos des massacres de Boutcha, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a évoqué des "falsifications" et mises en scène à destination de la presse.Image : REUTERS

Pourtant, Moscou dément, nie et va jusqu'à accuser l'Ukraine de fabriquer des images pour les médias occidentaux. Une tactique bien connue de l'analyste britannique Michael Clarke :

"Le scénario russe se déroule toujours en trois parties. D'abord, ils nient tout en bloc. Ensuite, ils essaient de brouiller l'information notamment sur les médias sociaux en disant que tout est très compliqué et qu'il n'y a pas de réponse simple. Enfin, quelques années plus tard, ils finissent par admettre les fait en disant "vous faites la même chose" et ils mettent en avant une sorte d'équivalence morale en Occident."

Enquête internationale

Ce lundi, le Premier ministre polonais a appelé à créer une commission d'enquête internationale sur "le génocide" commis, selon lui, par l'armée russe dans des villes ukrainiennes, dont Boutcha.

Comme d'autres dirigeants politiques, Mateusz Morawiecki a aussi réclamé que de nouvelles sanctions soient prises contre la Russie. Selon lui, c'est l'Allemagne qui actuellement est "le principal obstacle à des sanctions très fortes".

A noter qu'Angela Merkel est, elle, sortie de sa réserve : par le biais de sa porte-parole, l'ancienne chancelière a défendu la position de l'Allemagne dans le cadre du sommet de l'Otan en 2008. Berlin s'était alors opposé à une adhésion de l'Ukraine à l'Alliance atlantique, tout comme le président français de l'époque, Nicolas Sarkozy. Une déclaration alors qu'hier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait invité les deux anciens dirigeants à se rendre à Boutcha pour voir "à quoi la politique de concessions envers la Russie a abouti."