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Violations du droit international en Irak

Sandrine Blanchard17 mai 2004

Nouveau rebondissement dans la crise sur les mauvais traitements des prisonniers irakiens par l’armée américaine : le magazine New Yorker prétend que Donald Rumsfeld en personne aurait autorisé le recours à ces interrogatoires.... « musclés », information démentie par le Pentagone. La presse allemande revient donc largement ce matin sur la torture et les violations du droit international par les Américains en Irak.

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Donald H. Rumsfeld (d.) en visite sur le terrain la semaine dernière avec Geoffrey Miller, responsable du systéme carcéral en Irak.
Donald H. Rumsfeld (d.) en visite sur le terrain la semaine dernière avec Geoffrey Miller, responsable du systéme carcéral en Irak.Image : AP

La Frankfurter Rundschau n’hésite pas à parler de l’univers carcéral des prisonniers de guerre comme d’un « univers de trous noirs », reprenant ainsi un terme employé par des organisations humanitaires. De plus en plus d’accusations touchent de plus en plus de personnes haut placées à Washington, écrit le quotidien. Manifestement, la guerre anti-terrorisme lancée par la Maison Blanche n’entend pas se soumettre aux conventions internationales. Mais le point capital dans les dernières accusations, envers le ministre de la Défense Donald Rumsfeld, qui aurait autorisé le recours à un « programme spécial » en Irak, c’est, de l’avis du quotidien de Francfort, que de plus en plus, les services secrets et le gouvernement Bush sont impliqués dans l’affaire de la prison d’Abou Ghraib. Que Washington se soucie peu du droit international n’est pas nouveau, explique le quotidien, ce qui l’est, par contre, c’est que le cabinet et l’armée doivent désormais justifier de leurs pratiques. Outre Guantánamo, les États Unis disposent de tout un réseau de prisons en dehors de leur territoire national, et près de 9000 prisonniers, notamment en Irak ou en Afghanistan. Et aucun de ces prisonniers ne voit ses droits fondamentaux reconnus, comme celui d’avoir un avocat ou de bénéficier d’interrogatoires objectifs. Les États Unis arguent des méthodes locales pour se livrer à des interrogatoires brutaux, souvent avec l’aval de la CIA ou du Ministère de la Justice américain, des accords confirmés par la Maison Blanche ou le président Bush lui-même. Et le journal se demande jusqu’à quel point les entorses au droit et la privation de liberté sont permises, même au nom de la menace terroriste.

« L’Irak, ça n’est pas le Vietnam. L’Irak est bien plus dangereux », écrit Die Welt. Et le journal résume ainsi les enjeux du conflit en Irak : il y va cette fois de l’issue de la crise structurelle du monde arabe, du maintien ou non des régimes conservateurs en Égypte, en Jordanie, en Syrie et en Arabie Saoudite. La Turquie risque d’être ébranlée par le conflit et celui-ci peut mener au blocage des compromis israélo-palestiniens.

La tageszeitung quant à elle estime que seule la mise en place rapide d’un gouvernement irakien souverain et indépendant des États Unis peut faire sortir le pays du cercle vicieux de la violence. Car, écrit la taz, le succès de la résistance armée à l’occupation s’explique ainsi : jusqu’à présent il est impossible, pour la population, de se faire entendre autrement que par les armes.

Un mot, pour finir, de la Süddeutsche Zeitung. Le quotidien munichois estime que si les États Unis s’engagent dans de nouvelles négociations avec les Palestiniens, c’est tout d’abord pour « limiter les dégâts » et se refaire une image. Parce que les excuses marmonnées les dents serrées sur l’Irak n’apportent pas grand chose.