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Et si le dialogue national du Tchad se tenait hors du pays ?

Blaise Dariustone
20 août 2021

Au Tchad, alors que l'organisation du dialogue national se poursuit, certains acteurs demandent que la rencontre se déroule hors des frontières tchadiennes.

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Le Tchad se prépare à dialoguer mais où et avec qui ?
Le Tchad se prépare à dialoguer mais où et avec qui ? Image : Issouf Sanogo/AFP

Le député Salibou Garba, président du parti Alliance nationale pour la démocratie et le développement, propose que le dialogue national se déroule par exemple au Togo ou au Nigeria. Selon lui, si la rencontre se tient au Tchad, aucun chef rebelle n'acceptera d'y participer, vu la situation actuelle et ce, quelles que soient les garanties offertes.

Retranscription de l'entretien avec Salibou Garba

Salibou Garba : Le constat actuel, c'est que l'insécurité règne au Tchad. Il n'y a pas très longtemps, l'ancien directeur général de la douane a essuyé des rafales. Vous, les journalistes, chaque jour vous dénoncez ce qui se passe à la prison ici. Des détenus de guerre qui meurent sans qu'on comprenne pourquoi et la disparition de Tom Erdimi, ça ne me rassure pas.

Tom Erdimi était le neveu et le premier directeur de cabinet d'Idriss Deby Itno
Tom Erdimi était le neveu et le premier directeur de cabinet d'Idriss Deby ItnoImage : Facebook/Mamy Tom Erdimi

Ne pensez-vous pas que l'UFR est un mouvement politico-militaire important ? Où que le FACT n'est pas un mouvement politico-militaire important avec lequel il faut nécessairement traiter si on veut que la paix règne ? Dans les conditions actuelles de rentrée à N'Djamena, ils ne viendront pas. Et s'ils ne viennent pas, la paix que vous allez conclure sera illusoire.

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DW : Le président du Conseil militaire de transition a fait savoir que les politico-militaires peuvent bien prendre part au dialogue …

Salibou Garba : Ce n'est pas une déclaration de ce type-là qui peut rassurer les gens. Il y a des mesures concrètes à prendre. Il y a la loi d'amnistie générale pour tous ceux qui ont été condamnés, tous ceux dont les biens ont été saisis. Il y a beaucoup de choses à faire pour rassurer les gens. Et si vous ne faites pas, ils ne viendront pas.

DW : Avez-vous déjà pensé à un pays qui pourrait abriter ces assises ?

"Il y a beaucoup de choses à faire pour rassurer les gens" (S. Garba, député) - MP3-Stereo

Salibou Garba : Le gouvernement togolais a réuni les mouvements politico-militaires. Ils m'ont dit que les principaux chefs ne sont pas venus, justement pour des raisons de sécurité. Bon, le Togo pourrait l'abriter s'il y a davantage de garanties et davantage d'implication de la communauté internationale. Pourquoi pas au Nigeria ? Le Nigeria a été impliqué dans la recherche de solutions dans notre pays. J'ai aussi lu quelque part que l'Egypte aurait proposé d'accueillir. Le Qatar aussi serait disposé et une telle expérience ne sera pas inédite. En RDC par exemple, combien de mois les protagonistes congolais sont restés en Afrique du Sud pour tenter de trouver une solution à leur crise politico-militaire ? Donc, c'est faisable.

DW : Est-ce que le Tchad dispose des moyens pour prendre en charge tous les participants à ce forum sur un territoire étranger ?

Salibou Garba : Quand un pays traverse une crise aussi aiguë, quand bien-même vous avez le souci de donner une certaine base de légitimité à ce que vous faites, ce ne seront pas forcément tous les Tchadiens. Pour que notre conférence aboutisse à quelque chose de pertinent, vous êtes obligés de faire en sorte que ce soient les acteurs majeurs.