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Soleil FM: le gouvernement du Bénin dégage sa responsabilité

Claire Stephane Sacramento
19 décembre 2019

La Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication explique son refus de renouveler la licence de la station privée par des erreurs de procédure. Mais cela fait craindre une restriction des libertés dans le pays.

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Benin Cotonou
Soleil FM est basée à Djeffa mais elle possède certaines installations à Cotonou, la capitale économique du BéninImage : picture-alliance/maxppp/E. C. Ahounou

"Le gouvernement est totalement étranger"- Alain Orounla

A Cotonou où la station privée de radiodiffusion Soleil FM a certaines de ses installations, les avis sont partagés sur la décision de la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC).

"C'est forcément une raison qui a motivé les autorités. Elles ne peuvent pas pour la forme décider de fermer la radio. Il y a quelque chose qui ne va pas", pense un citoyen béninois qui s'exprime en langue locale Fon. Un autre Béninois tout aussi dubitatif avoue souffrir de cette suspension, "parce qu'ils (les dirigeants, ndlr) ne veulent pas des radios qui disent la vérité. Mais plutôt de celles qui ne les critiquent pas. J'aime trop écouter Soleil FM parce qu'elle nous informe sur les réalités du pays".

Licence refusée

Des dizaines de milliers d'auditeurs sont donc privés de leurs émissions depuis le 18 décembre 2019. La radio Soleil FM est considérée comme étant une des rares à encore diffuser des opinions critiques contre le gouvernement béninois. La station n'a pas obtenu le renouvellement de sa licence par la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication.

La HAAC exige que ce soit le promoteur, Sébastien Ajavon (opposant en exil), qui signe la demande conformément aux règles en vigueur, et pas le directeur de la radio.

Pour Marcel Zoumènou, vice-président de l'Observatoire de la déontologie et de l'éthique dans les médias, cette décision "constitue un recul grave de notre démocratie. C'est une décision politique parce qu'elle émane d'une institution qui est politique. Sur les neuf Conseillers de la HAAC, six sont désignés par des responsables politiques. La deuxième chose c'est que c'est une décision arbitraire qui ne répond à aucun principe de droit. Cette décision a été murie et on a juste cherché le stratagème qu'on peut utiliser pour fermer cette radio".  

Le gouvernement se défend

DW a tenté en vain de recueillir les explications du président de la HAAC. Mais le gouvernement béninois à travers son porte-parole et ministre de la Communication, nie toute implication dans ce dossier.

Selon Alain Orounla "cette procédure aurait été initiée par le directeur de la radio en violation flagrante de la réglementation qui exige que ce soit le promoteur qui le fasse. Mais le gouvernement est totalement étranger pour l'instant à ce qui se passe entre l'autorité de régulation, seule attributaire des fréquences, et cette radio Soleil FM".

Mais Jérôme Kassa, directeur de Soleil FM, espère qu'une occasion sera donnée pour que la radio régularise sa situation."La démarche qui était convenable, c'était de nous demander de revoir la copie. C'était tout simple. Sur quatre mois, on aurait eu le temps de faire ça. Je constate aussi que dans le pays, il y a beaucoup de promoteurs qui, après la première signature de convention, font signer les renouvellements par leurs collaborateurs. Beaucoup m'ont appelé pour demander pourquoi chez nous ça se passe comme ça. Ça me laisse interrogateur", affirme-t-il.

Avec une quarantaine d'employés désormais sans emploi, Soleil FM reste suspendue à moins d'un changement d'avis de l'autorité de régulation.