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Robert Mugabe a démissionné

Jean-Michel Bos | Eric Topona
21 novembre 2017

Au Zimbabwe, après plusieurs jours de tractations, Robert Mugabe a présenté ce mardi sa démission devant l’assemblée nationale réunie en session extraordinaire à Harare.

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Simbabwe Mugabe bei TV-Ansprache
Image : picture-alliance/AP Photo

Le président zimbabwéen Robert Mugabe a remis mardi sa démission après 37 ans de pouvoir, a annoncé le président de l'Assemblée nationale lors d'une session extraordinaire du Parlement à Harare.

Le Parlement s'était réuni pour débattre de la démission du président Mugabe alors même que l'armée essayait depuis plusieurs jours de le convaincre de partir.

 "Moi Robert Gabriel Mugabe (...) remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat", a déclaré le président de l'assemblée nationale Jacob Mudenda, en lisant, sous les applaudissements, la lettre de démission du chef de l'Etat.

L'annonce a été suivie par une scène de joie au sein du Parlement, les députés se félicitant de la fin du règne de Robert Mugabe.

Pression crescendo

Ces dernières 24 heures, les appels à la démission de Robert Mugabe se sont multipliés.

En réalité, c’est depuis le putsch manqué opéré la semaine dernière par l’armée, que le monde a pris conscience de la vulnérabilité de Robert Mugabe, qui a été lâché par ses principaux soutiens : une partie de l’armée puis l’opinion publique nationale. Ce weekend, les populations sont descendues massivement dans la rue à travers quasiment tout le pays.

Fait inédit, même le parti fondé par Robert Mugabe, la ZANU-PF,  l’a destitué de la présidence et a exigé purement et simplement sa démission de la tête du pays. Demande réitérée par l’Association des vétérans de la guerre de libération contre le colon Britannique. Robert Mugabe n’a pas résisté.

Face au tollé général qu’a suscité, son immixtion dans l’arène politique, l'armée zimbabwéenne a changé de tactique en optant pour une posture plus consensuelle, c'est-à-dire offrir des gages pour obtenir la démission en douceur du vieux président.

"Non. Je ne crois pas qu'on puisse dire que l'armée est en train de jouer un double-jeu", a expliqué Stéphanie Wolte, spécialiste du Zimbabwe à l’Institut d’études de sécurité de Pretoria. "Mais bon, il y a des choses qui restent à voir. Je crois que l'armée avait crû réellement qu'elle pouvait pousser Mugabe à partir. Ce qui se passe actuellement, c'est une dispute au sein du parti au pouvoir. Pour l'armée, l'important, c'est d'essayer de garantir le calme au pays et de continuer les négociations pour que leurs positions gagnent : faire partir Mugabe et faire venir Mnangagwa."

Mugabe, lâché par la SADC ?

Ce mardi, à l’issue d’une réunion d’urgence du bloc régional de la Communauté de développement d'Afrique australe, les présidents angolais Joao Lourenço et son homologue sud-africain, Jacob Zuma, avaient été mandatés par leurs homologues pour se rendre mercredi, à Harare, la capitale zimbabwéenne.

Cette visite sera-t-elle maintenue, en dépit des derniers développements ? La rédaction n’avait aucune confirmation au moment où étaient mises sous presses ces lignes. Une question demeure tout de même sur toutes les lèvres : Robert Mugabe a t-il bénéficié du soutien de ses pairs de la sous-région, jusqu’au bout ?

"La SADC et l'Afrique du Sud ont beaucoup plus parlé du retour à l’ordre constitutionnel. Ils n'ont pas parlé précisément de Mugabe. Et je crois que c'est parce qu’il y a beaucoup de gens qui soutiennent la démarche prise par l'armée et qui souhaitent voir un changement à la tête du Zimbabwe, mais qui n'auraient pas osé le dire, avant que les forces militaires au Zimbabwe l'aient fait", ajoute Stéphanie Wolte.

L’annonce de la démission de Robert Mugabe a été suivie par un concert de klaxons, dans les rues d’Harare et d’autres villes du pays.

 "Nous sommes tout simplement tellement heureux. Enfin les choses changent", a déclaré  par exemple à l’Agence France Presse, un habitant de la capitale

Robert Mugabe est arrivé au pouvoir en 1980, période correspondant à l’accession à l’indépendance de l’ex Rhodésie, devenu Zimbabwe.

 

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Jean-Michel Bos Journaliste au programme francophone de la DW.JMBos
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Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona