Percée diplomatique russe sur la Syrie
13 septembre 2013L'initiative russe, qui coupe l'élan des puissances favorables à l'option militaire, est d'autant plus surprenante que Moscou cultivait jusqu'à présent la diplomatie du niet. En bloquant systématiquement toute résolution de l'ONU contre le régime de Damas, la Russie exprime son refus intransigeant de toute forme d'ingérence étrangère, bien plus qu'un soutien personnel à Bachar al-Assad. Mais en proposant au pouvoir syrien de placer son stock d'armes chimiques sous contrôle international, la Russie est soudain devenue plus audible.
Sa proposition a été accueillie avec intérêt dans les chancelleries du monde, qui ont salué une démarche constructive. Les Etats-Unis, favorables à ce plan, ont néanmoins exprimé une certaine méfiance : à quoi joue la Russie ? S'agit-il d'une stratégie de diversion, d'un processus inapplicable destiné à faire gagner du temps au dirigeant syrien ? Dans tous les cas, la piste russe semble avoir rebattu les cartes et éloigné la perspective de frappes contre le régime syrien.
Discussions de Genève
Les diplomaties russe et américaine sont actuellement réunies à Genève pour définir la mise en application de ce plan. La première étape prévoit l'adhésion de Damas à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques.
« Il y a une chance pour la paix en Syrie et il ne faut pas la laisser passer », a prévenu le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. C'est aussi le discours que tenait Vladimir Poutine dans une tribune publiée hier dans le New York Times : une intervention militaire extérieure conduirait, selon le président russe, « à déstabiliser davantage la situation dans ce pays et dans la région dans son ensemble ».
Mais les négociations en cours ne sont pas gagnées d'avance. Entre Russes et Américains, les divergences persistent, d'autant que Bachar al-Assad pose ses conditions : les Etats-Unis doivent cesser d'aider les rebelles et de menacer Damas.