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"Nous luttons pour les détenus politiques"

Rodrigue Guézodjè17 mars 2021

Les emprisonnements pour motifs politiques au Bénin inquiètent le Comité de soutien aux détenus et exilés politiques.

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Françoise Sossou Holonou est la présidente du Comité de soutien aux détenus et exilés politiques au Bénin, elle répond à la DW.

Votre organisation est mise sur pied pour apporter du soutien aux détenus et éxilés politiques du Bénin. Parlez-nous d'abord brièvement de vos activités.

Ça fait trois ans éffectivement que le comité que j'ai l'insigne honneur de diriger est né. Depuis sa naissance, nous n'avons pas croisé les bras. Je vous rappelle que nous sommes un comité né près l'organisation pour la défense des droits de l'homme et des peuples. Qu'il vous souvienne qu'à l'arrivé du régime actuel, nous avons eu droit à des arrestations tout azimuts et la liste s'allonge de jour en jour. Donc c'est comme ça que le Comité de soutien aux détenus et exilés politiques a dit qu'à l'allure ou vont les choses, il faut commencer à tirer la sonnette d'alarme. Donc nous luttons pour les détenus politiques parce qu'on s'est dit que ça n'arrive pas qu'aux autres. Et ça nous donne raison de plus en plus aujourd'hui. 

Qu'est-ce que vous leur apportez concrètement ?

C'est d'aller leur doper le moral dans les prisons. D'aller les soutenir pour leur dire que c'est juste aujourd'hui qu'ils sont privés de leur liberté. Nous, nous ne sommes pas encore de leur côté là-bas mais nous sommes sur le terrain, nous nous battons pour que d'ici à là, qu'ils retrouvent leur liberté et reviennent à nous. 

Est-ce que l'existence de votre comité est officiellement reconnu par le gouvernement et comment travaillez-vous avec l'administration pénitentiaire ?

L'Organisation pour la défense des droits de l'homme et des peuples (ODHP), c'est une organisation bien enrégistrée au ministère de l'intérieur, reconnu par le gouvernement. Et ce comité est la création de cette organisation du coup nous travaillons sous l'ODHP. Nous avons été reçus par le directeur de l'agence pénitentiaire pour voir un peu ce qui se passe dans les prisons, les propos malveillants que la population diffuse, distille il faut qu'on aille réellement  à la source  pour savoir de quoi tout ça retourne.  

Quel est alors la situation actuelle des détenus politique au Bénin ?

La situation actuelle, ma foi est déplorable. Pour la simple raison qu'ils sont éparpillés dans toutes les maisons d'arrêt. Mais l'arrivée de la Covid a corsé les choses. Si bien que lorsque vous allez les voir... D'abord les visites sont interdites. Vous allez, une seconde c'est trop, vous vous limitez au bonjour et vous retourné. Or avant il y a un hall, on va s'asseoir, on discute quelque peu et on s'en va. Ça fait partie de leur droit qu'on doit respecter. 

Est-ce que ça vous permet quand même de vous rendre à l'évidence de leur condition de détention ?

Là maintenant vous ne pouvez pas vous rendre à l'évidence, puisque vous n'avez même pas eu la chance d'échanger avec eux. Du coup si vous n'échangez pas comment ils peuvent vous dire bon nous sommes traîtés de telle manière. En dehors de la liberté qui est privée, bon on vit quand même mieux. Il n'y a rien de tout ça. Malgré ce que le directeur de l'agence pénitentiaire nous a dit pour nous rassurer nous voulons voir de visu. Ecouter nos détenus eux- même nous décrire leur condition.

Alors quelle démarche avez-vous engagée à l'endroit de ces derniers détenus politique dont Reckya Madougou ?

Nous avons l'habitude d'organiser des visites dans les prisons. Ce qu'on a fait. Mais pour le cas d'espèce, je n'ai pas pu voir Reckyat Madougou.

Pourquoi ?

Mais, puisqu'on ne pouvait pas la voir sauf ses avocats. Elle a un cachet spécial pour la simple raison que c'est une autorité. Même si elle n'est plus ministre aujourd'hui. Une fois ministre, à vie ministre on le dit. Donc elle doit bénéficier d'une certaine largesse même si elle est en détention. Avant que les faits qu'ont lui reproche aujourd'hui soient avérés, elle doit bénéficier d'une certaine largesse. Mais là nous continuons nos démarches. Puisqu'on ne  peut pas accepter l'arbitraire dans le pays. En tant que comité nous continuons la pression sur le gouvernement. On a demandé à rencontrer le ministre de la justice, il ne nous a pas reçu malgré le dossier qu'on lui a remis avec la liste des détenus politiques  de ce temps. La liste ne fait que s'allonger.

Lire aussi Bénin : mystère autour de la détention de Reckya Madougou

Et parlant justement de détenus politiques, ils sont à peu près combien aujourd'hui au Bénin ?

A cette date, toutes tendances confondues les détenus politiques sont une centaine. S'agissant des exilés, d'autres n'ont pas voulu, c'est vrai, que leur nom figure sur la liste. Mais il faut voir globalement une vingtaine. 

Et par rapport à votre mission à l'endroit des ses détenus et exilés politiques, est-ce que vos objectifs après trois années d'existence ont été atteints ?

Le problème existe, persiste et va grandissant. Donc notre objectif n'est pas encore atteint. Si c'était atteint tout les détenus seront déjà chez eux et tout les exilés seront déjà au Bénin pour que le travail de développement continue.