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Le Nigeria ne veut plus de faux diplômes

Isaac Kaledzi
12 septembre 2024

Le Nigeria a décidé de relancer sa lutte contre les diplômes universitaires frauduleux et entend mettre fin à cette pratique.

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Entrée de l'Université de Lagos
Les autorités du Nigeria entendent prendre des mesures pour mettre un terme à l'usage de faux diplômes dans le pays.Image : Sunday Alamba/AP/picture-alliance

C'est une affaire qui fait grand bruit au Nigeria : celle des faux diplômes. Au début de l'année, les autorités ont suspendu des milliers de diplômes obtenus par des Nigérians dans des universités du Bénin et du Togo. Le mois dernier, l'interdiction a été étendue à certaines universités du Kenya, de l'Ouganda et du Ghana.

Pour les autorités nigérianes, l'enjeu est de taille : il s'agit de protéger les employeurs contre d'éventuelles pratiques frauduleuses. La décision des autorités nigérianes a été prise à la suite d'un reportage réalisé par un journaliste, Umar Audu, qui a expliqué comment il avait pu se procurer, en moins de deux mois, un diplôme de quatre ans d'études dans une université béninoise. 

"Tolérance zéro"

"L'illégalité en matière de certification remonte à des temps immémoriaux" rappelle Chris Maiyaki le secrétaire exécutif par intérim de la Commission nationale des universités du Nigeria, basée à Abuja. Selon lui, il faut faire "attention à ne pas laisser ce cas isolé assombrir la période très riche et glorieuse que le système universitaire nigérian a connue au fil des ans".

Si Chris Maiyaki reconnait qu'il y a "des poches d'illégalité ici et là", il insiste toutefois sur le fait que "pour la première fois, il s'agit d'un changement décisif de la donne et d'une prise de décision à grande échelle par le gouvernement actuel."

Il y aurait désormais "une tolérance zéro" de la part des autorités en ce qui concerne les faux diplômes afin d'éradiquer les institutions illégales assure-t-il

Des écolières dans la ville de Kano au Nigeria
Au moins 21.600 diplômés nigérians avaient obtenu des faux diplômesImage : Luis Tato/AFP via Getty Images

Les autorités nigérianes ont révélé qu'au moins 21.600 diplômés nigérians avaient obtenu des diplômes frauduleux auprès d'établissements étrangers, essentiellement au Bénin et au Togo. 

En janvier de cette année, le gouvernement a annoncé qu'il enquêtait sur 107 universités privées locales ayant commencé à fonctionner au cours des 15 dernières années.

Les agences publiques et les ministères chargés d'accréditer les diplômes obtenus à l'étranger font aussi l'objet d'enquêtes. Selon le ministre nigérian de l'Education, une circulaire a été publiée pour débusquer toute personne détenant des faux diplômes. 

S'inspirer de ce qui se fait ailleurs

Selon Richmond Acheampong, professeur de communication à la Christian Service University au Ghana, la prévalence des faux diplômes universitaires est souvent liée à un manque de surveillance et de vérification de la part des organismes de réglementation.

Il estime par ailleurs que le Nigeria peut aussi apprendre d'autres pays pour réussir sa lutte contre les faux diplômes.

" Le Nigeria peut s'inspirer du Ghana en intensifiant les efforts qu'il a déjà entrepris, en s'assurant que les employeurs vérifient leurs certificats auprès des autorités éducatives compétentes, comme l'Autorité d'accréditation nigériane" précise-t-il.

Des élèves dans une salle de classe
Le Nigeria pourrait s'inspirer de ce qui se fait dans d'autres paysImage : ESTHER RUTH MBABAZI/REUTERS

"Il peut également aller plus loin en sanctionnant les universités connues pour délivrer de faux certificats. L'une des façons de contribuer à l'élimination des faux certificats est d'éduquer le public sur les risques liés aux fausses qualifications et sur la façon de vérifier la légitimité des institutions" assure par ailleurs Richmond Acheampong.

L'expert donne aussi l'exemple du ministère sud-africain de l'Enseignement supérieur et de la Formation qui organise des campagnes pour informer les étudiants avant même qu'ils ne décident de s'inscrire dans une université. 

Une collaboration transfrontalière peut également, selon lui, être mise en place pour aider à identifier et fermer les universités connues pour délivrer de faux certificats.