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Abdoulaye Maïga assure l'intérim de Choguel Maïga au Mali

Mahamadou Kane
22 août 2022

Au Mali, le colonel Abdoulaye Maïga est le nouveau Premier ministre par intérim. Réactions.

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Assimi Goïta assis à côté de Choguel Maïga lors d'une cérémonie, en janvier 2022
Assimi Goïta (à d.) se détournerait-il de Choguel Maïga?Image : FLORENT VERGNES/AFP

Au Mali, c'est désormais le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l'Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, qui assurera l'intérim du Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, officiellement en repos forcé.

Mais le décret présidentiel, lu dimanche soir [21.08.22] à la télévision nationale et confirmant son remplacement à titre temporaire, pourrait aussi dissimuler une divergence entre Choguel Kokalla Maïga et la junte militaire au pouvoir depuis le renversement d'IBK il y a deux ans. 

La fatigue de Choguel

Depuis l'annonce il y a un peu plus d'une semaine de son absence en raison d'une "grande fatigue" qui justifierait son repos forcé, selon les termes du gouvernement, les rumeurs courent au sujet de la situation du Premier ministre.  

Pour Sidi Dembelé, secrétaire général du Mouvement pour le Renouveau, le parti de Choguel Kokalla Maïga, il ne s'agirait pourtant pas d'un désaccord entre le Premier ministre et la junte militaire.

"Il n'y a aucune éviction, déclare-t-il à la DW, il n'y a aucun règlement de compte et il n'y a aucune malice derrière ce décret." Sidi Dembélé rappelle que "la transition malienne vit des moments très intenses en termes d'activités", avec le "chronogramme [...] très chargé qui a été validé par notre pays et qui a été soumis à la communauté internationale, qui l'a aussi validé". Et il affirme qu'il fallait nommer un intérimaire en raison des "engagements qui ne peuvent pas attendre".

Conséquences de l'absence

En première ligne dans le combat "souverainiste" engagé depuis le début de la transition, le chef du gouvernement a été celui qui a lancé les premières accusations contre la France, le 25 septembre 2021, à la tribune des Nations unies avec le terme d'"abandon en plein vol" pour faire allusion à la suspension de la coopération militaire entre le Mali et la France, sans l'aval de Bamako. 

Des militants de Yerewolo lors d'un meeting en faveur de la "libération du Mali" [de l'influence de la France]
Des militants de Yerewolo qui prônent la rupture totale avec la FranceImage : Flourish Chukwurah/DW

Son absence pourrait-elle alors affaiblir le pouvoir malien ? Nous avons posé la question à Siriki Kouyaté, du mouvement Yerewolo, Debout sur les remparts"Là où nous sommes aujourd'hui, il faut reconnaitre que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga est un combattant de taille, un combattant plein d'expérience", estime Siriki Kouyaté. "Mais la lutte contre l'impérialisme est une lutte de tous les jours. Donc voilà pourquoi, au sein de Yerewolo, nous avons tous compris qu'il faut outiller tout le monde pour faire face à cette lutte. Il faut faire en sorte que de génération en génération, ce peuple soit capable de mener cette lutte. Même au niveau des dirigeants, il nous faudrait des dirigeants qui puissent tenir la lutte."

Des divergences avec le président ?

Beaucoup au sein de l'opinion publique malienne estiment que ce sont plutôt les divergences actuelles entre le Premier ministre et les militaires au pouvoir, notamment autour de la nouvelle loi électorale, qui seraient à l'origine de ce qu'ils qualifieraient d'"éviction". 

Toutefois, Abdoulaye Guindo, bloggeur au sein de la plateforme Benbere, recommande de rester prudent : "Pour l'instant, le Premier ministre intérimaire n'est pas confirmé. Donc, il y a des chances que Choguel Kokalla Maïga revienne prendre sa place. Peut-être que s'il n'y avait pas cette chance, le président de la transition passerait à la confirmation d'un nouveau Premier ministre", déclare-t-il.

"L'intérimaire nous laisse croire qu'il y a peut-être de l'espoir qu'il revienne. Dans quel délai ? On l'ignore. On va suivre l'actualité, s'il ne revient pas durant un délai que le président de la transition aura fixé dans un coin de sa tête, je pense qu'il va passer à la confirmation soit du colonel Abdoulaye Maïga, ou nommer un nouveau Premier ministre." 

Contacté par la DW, Boua Chrifi Coulibaly du M5 Mali Koura, nouvelle branche du M5 RFP, ne croit pour sa part pas à la thèse du ‘'repos forcé ‘'. Pour celui-ci, il s'agirait plutôt d'une maladie qui empêcherait le Premier ministre d'assumer ses fonctions.