1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Les changements de constitution, un sujet préoccupant

11 mars 2020

Alors qu'on attend une nouvelle date pour un référendum en Guinée, le sujet a déjà agité de nombreux autres pays sur le continent. L'initiative a soit échoué ou est passée par la force.

https://p.dw.com/p/3ZLWX
Au Mali, un projet de réforme constitutionnelle a provoqué la colère de nombreux citoyens qui ont protesté
Au Mali, un projet de réforme constitutionnelle a provoqué la colère de nombreux citoyens qui ont protestéImage : Getty Images/AFP/H. Kouyate

"La révision de la constitution peut se faire mais par consensus" - Jean-Didier Boukongou

En un peu plus de 15 ans, l'Afrique a enregistré une bonne quinzaine d'initiatives de changement de la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Cela indique à quel point le sujet est préoccupant sur le continent.

Comme en Zambie en 2001, la pression populaire a fait échouer le président burkinabé en 2014. Le parlement s'apprêtait pourtant à faire sauter le verrou de limitation des mandats. Au Malawi, au contraire, ce sont les députés qui en 2002 ont bloqué le président Bakili Muluzi.

Certains chefs d'Etat comme le Nigérien Mamadou Tandjaont été chassés par l'armée.

Des réformes sans consultations populaires

Pour Mariama Bayard Gamatié, femme politique du Niger, c'est l'absence de consensus qui a souvent été le problème. "Très souvent, ça se fait sans consultations, ni avec le parlement qui est souvent une caisse de résonnance, ni avec le peuple. Donc c'est pour tordre le cou à la démocratie. Après tout ce que nous avons connu comme lutte, on assiste à un recul très dangereux en Afrique", soutient-elle.

Dans certains pays comme le Togo, le Tchad, le Cameroun ou encore l'Algérie, la réforme est tout de même passée.

Au Rwanda, le président Paul Kagame s'y est pris avec tact en 2015 et selon la version officielle, ce serait par une pétition que le peuple aurait souhaité un changement de la constitution pour maintenir le pouvoir en place.

Pour le politologue Jean-Didier Boukongou, par ailleurs consultant pour l'Union africaine, l'organisation panafricaine a sa position sur le sujet.

Le président Alpha Condé achève son second mandat au terme de l'actuelle constitution le 21 décembre 2020
Le président Alpha Condé achève son second mandat au terme de l'actuelle constitution le 21 décembre 2020Image : Getty Images/AFP/S. Kambou

"La Guinée est liée par un texte important : la Charte africaine de la démocratie qui précise en son article 10 alinéa 2, que la révision de la Constitution doit se faire dans le cadre d'un consensus", avertit le spécialiste.

Jean-Didier Boukongou invoque ensuite une autre disposition de la Charte africaine de la démocratie à laquelle la Guinée est liée et qui "prévoit en outre, en son article 23 alinéa 5, qu'il peut y avoir des sanctions pour toute révision de la Constitution qui porterait atteinte au principe de l'alternance démocratique."

Lire la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance

Pourtant, l'Union africaine assiste souvent impuissante à la violation de ce texte

Malgré cette réalité, le politologue Jean-Didier Boukongou pense que certains chefs d'Etat comme Alpha Condé ne devraient pas prendre exemple sur leurs homologues qui ont réussi à changer la Constitution de leur pays. Pour lui, "ce n'est pas parce que quelqu'un a fraudé que si vous fraudez également vous serez dispensé de sanctions, non ! Ce n'est pas une bonne lecture".

L'initiative du changement constitutionnel pour se maintenir au pouvoir a très peu de défenseurs sur le continent. Ce sont souvent les partisans du pouvoir qui justifient cette action en prétendant que ceux qu'ils défendent ont réalisé de bonnes performances. 

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum