1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le rajeunissement du système, un casse-tête pour Paul Biya

Henri Fotso
8 novembre 2018

En commençant son septième mandat à 85 ans, Paul Biya appelle ses jeunes compatriotes à ne pas perdre espoir. Un appel qui peine à les rassurer quant à un prochain changement, après bientôt quatre décennies de pouvoir.

https://p.dw.com/p/37vFb
Kamerun Präsident Paul Biya
Image : picture-alliance/dpa/J. Warnand

Donatien Ndongo : " Sachant ce qui s’est passé durant les années antérieures, je ne pense pas qu’on puisse espérer un changement "

Après sa réélection à la présidence de la République, Paul Biya, qui a prêté serment le 6 novembre, est confronté à un enjeu politique majeur : le rajeunissement de la classe politique camerounaise. En effet, la quête de renouvellement de classe politique n'a été que très peu comprise durant les trois dernières décennies. 

«M'adressant maintenant à mes jeunes compatriotes, je voudrais vous dire de ne pas perdre espoir. J'ai compris votre aspiration profonde à des changements, qui vous ouvrent les portes de l'avenir et permettent votre épanouissement. J'ai tout aussi compris votre plein désir de mieux participer à la prise de décisions qui engagent l'avenir de notre pays.» Ainsi s'est exprimé le Chef de l'Etat camerounais, au début de son nouveau septennat.

 

Präsidentschaftswahl in Kamerun Straßenszene in Douala
Image : DW/F. Muvunyi

Morosité économique

Au-delà de leurs aspirations au changement, les jeunes Camerounais sont préoccupés par leurs conditions de vie qui n'ont pas connu d'amélioration radicale durant les décennies précédentes de la gouvernance de Paul Biya. Celui-ci a rappelé lors de son investiture que le pays avait signé un nouveau contrat d'ajustement structurel avec le FMI (Fonds Monétaire International) en 2017 et que «la balance commerciale est chroniquement déficitaire».

Paul Biya croit donc trouver en la jeunesse des ressorts pour la relance de la croissance économique dont le taux était de 3,7% en 2017 et devrait atteindre 4,1% en 2018 et 4,8 % en 2019. Il promet par ailleurs une accélération de la décentralisation pour résoudre le problème séparatiste anglophone.

 

Präsidentschaftswahl in Kamerun Straßenverkäufer
Image : DW/F. Muvunyi

Jeunesse dubitative

A l'instar de nombreux autres jeunes de son pays, Donatien Ndongo, un diplômé sans emploi affirme ne pas espérer un changement, vu "ce qui s'est passé les années antérieures." Il dit aussi ne pas penser que les dirigeants "ont encore quelque chose à proposer."

Franck Essi, le jeune secrétaire général de Cameroon People's Party, trouve que Paul Biya "ne dit rien de concret. Les Camerounais sont fatigués et le propos sur la décentralisation semble même être en retard par rapport aux exigences des populations anglophones qui depuis deux ans connaissent des moments très difficiles, et qui exigent au minimum le fédéralisme."

L'un des enjeux majeurs du nouveau septennat de Paul Biya est donc de convaincre la jeunesse de sa volonté d'être à leur écoute. Cet enjeu s'ajoute aux grands défis économiques que sont la modernisation de l'agriculture, le développement industriel et le renforcement du potentiel énergétique du Cameroun.