Changement à la tête du G5 Sahel
11 juillet 2018
Didier Dacko paie les pots cassés de plusieurs épisodes récents qui ont donc favorisé son limogeage à la tête de l’organisation sécuritaire régionale, à quelques jours seulement de l’élection présidentielle au Mali.
On évoque le massacre de civils par des éléments liés à l’armée malienne à Boulikessi mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase serait l’attaque du quartier général de Sévaré par un groupe terroriste, puis celle d’il y a quelques jours d’une patrouille commune franco-malienne à Gao.
La décision de son remplacement aurait été prise depuis la dernière rencontre des chefs d’Etat mais l’acte de son relèvement n’est pas encore officialisé. C’est ce que nous a confie le ministre nigérien de la Défense, Kalla Moutari.
"C'est fait, la décision est prise par les chefs d'Etat; maintenant, on ne l'a pas encore officiellement remplacé. Mais les pays qui devraient désigner les remplaçants l'ont même déjà fait ; la Mauritanie a proposé le général qui doit le remplacer, le Tchad son adjoint, donc il n'y a aucun problème là-dessus... Mais la décision officielle n'a pas encore été prise"
Le général Didier Dacko qui était présenté comme un des meilleurs cadres pour répondre, au nom du Mali, aux enjeux de la lutte contre le terrorisme dans la région, n'aura passé en définitive qu’une petite année au commandement du G5 Sahel. Et son remplacement est considéré dans le pays comme une dure sanction et un échec pour l’armée malienne.
Le Mali n'a pas plus d'expertise que les autres
"C'est le Mali qui met beaucoup en insécurité les autres pays limitrophes comme le Niger, le Burkina faso et d'autres pays" déplore Nouhoum Togo, l’ancien responsable de la communication du ministère de la Défense et aujourd’hui proche de l’opposition. "Nous pensons aujourd'hui qu'on pouvait gérer à partir du Mali parce que les terroristes se sont installés en masse sur la bande sahélo-saharienne surtout du côté malien, c'est pour cela que la responsabilité a été confiée au Mali. Mais cela ne veut pas dire qu'il a plus d'expertise que les autres".
Selon Nouhoum Togo la décision est compréhensible :
"Nous reconnaissons qu'à l'intérieur ça n'a pas fonctionné parce que des cibles comme ça... normalement ça ne doit pas arriver. Ce n'est pas seulement ce qui s'est passé à Sévaré. Même à Gao nous avons remarqué qu'ils ont frappé là où ils voulaient. Donc il fallait prendre des dispositions pour dire tout simplement que ça doit s'arrêter."
Didier Dacko s’en va, au même titre que son adjoint, le Burkinabé Yaya Séré. Les chefs d’État membres du G5 Sahel ont donc décidé de les remplacer par des officiers mauritanien et tchadien.