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La CMA méfiante face au dialogue sur la transition au Mali

11 septembre 2020

Le mouvement à dominante touareg appréhenderait les conséquences du dialogue sur l'accord de paix d'Alger. La plupart des Maliens optent pour un pays unifié.

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Bilal Ag Achérif, un des responsables de la CMA lors de la signature de l'accord préliminaire à Alger (14.05.2015)
L'Algérie a servi de facilitateur pour l'accord entre les mouvements armés et le gouvernement de BamakoImage : Reuters/Zohra Bensemra

A l'instar des discussions préliminaires organisées les 5 et 6 septembre dans les régions du Mali, les consultations cruciales sur la transition au Mali après le coup d'Etat sont boycottées par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), signataire de l'accord de paix d'Alger et très influent dans la région de Kidal. Ce groupe à dominante touareg a publié un communiqué dans lequel il reproche aux militaires de ne pas avoir eu de rencontre séparée avec ses membres.

La junte a en revanche rencontré une délégation du M5-RFP, coalition ayant manifesté sur plusieurs mois pour dénoncer la mauvaise gouvernance sous le pouvoir IBK.

Un boycott stratégique

Ibrahima Kane : "Ils ont des idées différentes"

Selon Ibrahima Kane, chercheur en charge des questions régionales à l'Osiwa (Open society initiative for West Africa), ce boycott de la CMA signale aussi une méfiance vis-à-vis de l'agenda de la transition qui pourrait revenir sur certains termes de l'Accord d'Alger. "Une grande partie de la classe politique malienne est contre l'accord d'Alger, à part les gens du Nord. IBK (Ibrahim Boubacar Keïta, le président renversé, ndlr) disait lui-même qu'il n'avait pas d'autres choix que d'accepter l'accord. Or la transition est conçue pour discuter de tous les problèmes du Mali", rappelle l'expert basé au Sénégal.

Selon lui, la CMA ne souhaiterait pas être pris dans des discussions sur la transition "qui mettraient, pas en doute, mais en danger le processus d'Alger".

Lire aussi → Coup d'Etat au Mali : les groupes armés préoccupés par l'Accord de paix

Cet accord, signé en 2015, prévoit notamment de rétablir la paix au Mali par une décentralisation soutenue, certains parlant de "régionalisation", la création d’une armée reconstituée intégrant les anciens groupes armés signataires et des mesures de développement économique spécifiques au Nord du pays, le tout appuyé par un effort de dialogue, de justice et de réconciliation nationale.

Regret du gouverneur de Kidal

Sidi Mohamed Ag Icharach : "Tous les Maliens auraient voulu que la CMA soit à Bamako"

Contacté, le gouverneur de la région de Kidal, Sidi Mohamed Ag Icharach, qui participe aux concertations à Bamako, affirme que les leaders de la CMA l'ont averti de leur boycott.

"Toutes les populations maliennes, qu'elles soient du Sud ou du Nord, auraient bien aimé que la CMA soit à Bamako et que les responsables viennent dire exactement ce qu'ils ont à dire sur la marche du pays", indique-t-il dans une interview à la DW.

Mais, même s'il dit regretter cette situation, le gouverneur contredit l'hypothèse que la CMA chercherait à éviter une éventuelle discussion sur l'accord d'Alger. "La CMA ne s'oppose pas au retour de l'Etat à Kidal", assure par ailleurs Sidi Mohamed Ag Icharach.

Gouverneur de cette région du Nord depuis trois ans, Sidi Mohamed Ag Icharach assure que "en trois ans, la situation relative au retour de l'Etat et de l'administration dans la région de Kidal a énormément évolué par rapport à la situation d'avant 2017". Le problème qui se pose selon lui, c'est une "question de méthodologie, une question d'approche et j'ai la certitude que les acteurs, que ce soit la CMA ou les autres groupes armés de la Plateforme, ne s'opposent pas au retour de l'Etat et de l'administration dans la région de Kidal".

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum