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En Guinée, le troisième mandat au coeur de la crise

13 mars 2020

Au-delà du fichier électoral, l'opposition exige que le président Alpha Condé renonce à son projet de référendum. Dans ce débat, de hauts représentants de la Cédéao ont pris position. Mais l'opposition reste méfiante.

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Le palais présidentiel à Conakry. Le président Alpha Condé achève son second mandat en décembre 2020
Le palais présidentiel à Conakry. Le président Alpha Condé achève son second mandat en décembre 2020Image : DW/B. Barry

Selon des informations non encore officialisées ce vendredi soir (13.03.2020), c'est finalement le 22 mars, que devrait avoir lieu le référendum constitutionnel couplé avec les élections législatives. Le vote avait été reporté par le président de la République, Alpha Condé.

La révision du fichier électoral en vue d'en retirer quelque deux millions et demi de noms était une recommandation des experts de la Cédéao. Celle-ci a été saluée par l'opposition qui estime que l'organisation sous régionale lui a donné raison.

L'opposition guinéenne reste sur ses gardes

En réagissant sur Twitter pourtant, le chef de file de l'opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, a ajouté que "le rapport des experts de la Cédéao n'est pas objectif dans son diagnostic et dans ses recommandations".

L'opposant n'explique pas cette remarque qui signale toutefois un manque de confiance vis-à-vis de l'organisation.

D'ailleurs, à l'occasion de la cinquième session parlementaire de la Cédéao, qui s'est tenue à Niamey, le 2e vice-président du parlement s'est clairement exprimé contre un troisième mandat du président Alpha Condé.

Boukari Mahaman Sani Zilly estimait que "les temps sont révolus de vouloir être éternel au perchoir. Avec tout le respect que j'ai pour le vieux Alpha Condé, nous lui demandons de se souvenir de tous les combats qu'il a menés et de respecter le peuple guinéen et la communauté. Notre position, elle est connue et nous sommes déterminés à combattre tout président qui tentera de s'éterniser ou de garder le pouvoir après un deuxième mandat".

Lire aussi →Les changements de constitution, un sujet préoccupant en Afrique

La Cédéao face à un défi

Lundi (09.03.2020), le président nigérien Mahamadou Issoufou, président en exercice de la Cédéao, avait déjà laissé entendre que "le temps des hommes qui cherchent à s'incruster à vie au pouvoir, tire à sa fin".

Selon l'analyste politique Gilles Yabi, fondateur du think tank citoyen Wathi, plus que le fichier électoral, c'est la question du troisième mandat qui est le nœud du problème.

"La contestation en Guinée ne concerne pas que le fichier électoral. Elle concerne le principe même de l'organisation d'un référendum pour valider une nouvelle constitution et elle concerne également les conditions d'organisation des élections législatives, sachant que les partis importants de l'opposition ne prennent pas part au processus d'organisation de ces législatives jusque-là", explique l'analyste Gilles Yabi.

La Cédéao se trouve alors face à un défi. Si le référendum et les élections législatives se tiennent sur la seule base du fichier révisé tel qu'elle le souhaite, elle pourrait être alors accusée d'avoir donné sa caution à un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum