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Le décès de SBM ravive la tension entre le Niger et le Mali

Mahamadou Kane
22 mars 2022

Le président du Niger Mohamed Bazoum évoque un "assassinat", réagissant au décès de Soumeylou Boubèye Maïga. SBM n'avait pas bénéficié d'une évacuation sanitaire.

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Mohamed Bazoum lors d'un séjour à Berlin a rencontré ses compatriotes nigériens (Archives - Berlin, 08.07.2021)
Le président Mohamed Bazoum avait suggéré aux membres de la junte militaire au Mali d'aller combattre et laisser le pouvoirImage : Presse- und Kommunikationsdienst der Präsidentschaft von Niger

Au Mali, l'émotion reste vive après le décès en détention ce lundi (21.03.2022) de l'ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga à la clinique Pasteur de Bamako. L'homme politique a été admis dans ce centre en début d'année.

Quelques heures après l'annonce de la disparition de cet acteur majeur de la scène politique malienne, le président du Niger Mohamed Bazoum a dénoncé un "assassinat". Dans un message posté sur son compte Twitter, le président Bazoum a aussi présenté ses condoléances à la famille de Soumeylou Boubèye Maïga.

Mais ces propos, dans un climat déjà tendu entre Niamey et Bamako, passent mal auprès  des autorités de la transition malienne.

Mohamed Bazoum en mission ?

Pour Aboubacar Sidick Fomba, président de l'Alliance démocratique du peuple Malien (ADPD) et membre du Conseil national de transition (CNT, l'organe législatif de la transition), le président nigérien Mohamed Bazoum est "un laquais" de la France qui mériterait d'être poursuivi pour ses propos.

"Nous rappelons à cet ancien rebelle du Mali venant de la Libye, soutien des démocraties à géométrie variable de se retenir et de se ressaisir. Cela est très important. Traiter les autorités de la transition "d'assassins" est une accusation très grave. Nous demandons aux autorités de la transition d'engager des poursuites judiciaires contre le président nigérien Mohamed Bazoum. Car parlant d'assassinat, cela voudrait dire qu'il a des preuves. Et, nous nous attendons à ce qu'il nous apporte ces preuves. Il doit être poursuivi pour cela", exige Aboubacar Sidick Fomba.

Mohamed Bazoum et Emmanuel Macron ici en France lors d'une vidéoconférence sur le Sahel (Archives - Paris, 09.07.2021)
Pour certains Maliens, le président nigérien Mohamed Bazoum serait en mission pour la FranceImage : Stephane de Sakutin/AP Photo/picture alliance

Absence de preuves 

Selon le blogueur Abdoulaye Guindo de la plateforme Benbere, le président nigérien devrait se garder de porter des accusations sans fondement contre les autorités maliennes de la transition après la disparition de Soumeylou Boubèye Maïga.

>>> Lire aussi : Mohamed Bazoum sur l'avenir des soldats étrangers au Sahel

"Porter de telles accusations suppose que vous détenez des éléments matériels. Or, à l'heure actuelle, il ne peut pas apporter d'éléments matériels autour de l'assassinat de l'ancien Premier ministre. Certes, il était en détention au moment de sa mort. Mais pour moi, le président du Niger est allé trop vite. Si aujourd'hui le gouvernement malien l'attaque en justice, il n'a pas d'éléments matériels pour attester ce qu'il dit", soutient cet acteur de la société civile.

Abdina Karembe, président national des jeunes de l'ASMA CFP, le parti fondé par Soumeylou Boubèye Maïga, n'a pas de son côté souhaité réagir aux propos du président nigérien Mohamed Bazoum.

Aboubacar Sidick Fomba : "Mohamed Bazoum doit être poursuivi"

Il préfère se concentrer sur les formalités de retrait de la dépouillle de l'ancien Premier ministre. Les autorités maliennes auraient posé des conditions à ce niveau. "On l'a beaucoup torturé", dénonce pourtant Abdina Karembe.

Pas d'autopsie 

"Il est donc hors de question qu'on continue à le torturer. La famille a décidé qu'elle n'avait pas besoin d'autopsie. Aux dernières nouvelles, on demande à la famille de faire un écrit pour déclarer son renoncement à l'autopsie afin d'avoir la dépouille de l'illustre disparu. Si c'est par cette voie que nous devons passer pour avoir son corps, nous serons obligés de le faire à contrecœur bien sûr. En bon croyant, nous pensons que c'est bon. C'est Dieu qui en a décidé ainsi", se résigne encore le président national des jeunes de l'ASMA CFP.

Dans un communiqué, le gouvernement de la transition a salué la mémoire, " du grand serviteur de l'Etat, son engagement pour l'avènement de la démocratie au Mali et prie pour son repos éternel".