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Cameroun, des réactions au décès de John Fru Ndi

Elisabeth Asen
13 juin 2023

L'opposant John Fru Ndi, à la tête du SDF depuis 1990, est décédé à près de 82 ans des suites de maladie. Il était plusieurs fois candidat à la présidentielle.

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Portrait de John Fru Ndi
John Fru Ndi, fondateur du parti SDF, est mort à l'âge de 82 ans. Image : M. Happi

Au Cameroun, l’opposant John Fru Ndi est mort. Un communiqué signé par Joshua Osih, le premier vice-président du social democratic front, indique que celui qui était jusqu'ici chef de file de l'opposition au Cameroun depuis 1990, et plusieurs fois candidat à la présidentielle, est décédé cette nuit à l'âge de 82 ans des suites d’une maladie. L'annonce de sa mort a suscité de nombreuses réactions des personnalités politiques dans le pays.

Une page dans l'histoire politique du Cameroun se tourne

Hilaire Kamga, du parti politique l’Offre Orange, se souvient de son partenaire de lutte comme quelqu’un qui se présentait comme le candidat du changement. Même s’il n’est jamais arrivé au pouvoir.

"John Fru Ndi, pendant les années 90, s'est imposé comme le leader incontournable, porteur de valeurs de changement qui nous étaient chères. En cela, il a pu être plébiscité par l'ensemble des forces du changement pour être le candidat de l'ensemble de ces forces en 1992, où j'ai eu le privilège d'être le principal responsable de sa cellule de communication" a-t-il confié à la DW.  

Personnes portant une affiche de John Fru Ndi pour la présidentielle en 2011 au Cameroun
Supporteurs de John Fru Ndi avec son affiche pendant la campagne pour la présidentielle en 2011 au CamerounImage : dapd

Né le 7 juillet 1941 à Bamenda, John Fru Ndi a été militant du RDPC, le parti au pouvoir, avant de le quitter pour créer en 1990 son propre parti, le SDF, le Social Democratic Front. La vie de John Fru Ndi a été marquée par son engagement pour la démocratie et la liberté. Ces dernières années, il s'est surtout investi pour le retour de la paix dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest, les deux régions anglophones du Cameroun, déchirées par une guerre depuis près de sept ans.

Jusqu'en 2018, il sera l'une des figures emblématiques de l'opposition. Il a affronté à plusieurs reprises le président Paul Biya, notamment lors de l'élection présidentielle controversée d'octobre 1992. Le leader du SDF avait alors obtenu 36% des suffrages, tout juste derrière Paul Biya qui avait officiellement eu 40%.

Son parcours politique était remarquable et lui a valu de l'estime et du respect du monde politique national ainsi qu'international. Il a obtenu plusieurs distinctions. 

Un parcours politique de plus de trois décennies qui inspire encore la jeune génération, à l'instar de Denis Emilien Atangana, président du Front des démocrates.

"Je rends hommage à ce grand baobab de la politique, cet homme épris de paix qui en 1992, lorsqu'on le déclarait vainqueur à l'élection présidentielle, avait devant lui deux options : soit la paix, soit conduire le Cameroun dans une vaste guerre civile. Mais il a préféré la paix. C'est quelqu'un qui aura marqué son temps" assure-t-il.

Ecoutez les explications d'Elisabeth Asen

"L'éternel opposant"

Affaibli par le poids de l'âge et les problèmes de santé, Ni John Fru Ndi se faisait de plus en plus discret sur la scène politique, tout en gardant un œil très avisé sur sa formation politique qu'est le SDF.

Cependant, certains croyaient ces derniers temps qu'il y aurait eu un rapprochement entre le chairman et le pouvoir de Yaoundé. 

Les critiques à son encontre portaient surtout sur son rôle d’éternel opposant : on lui reprochait de s’être rapproché du président Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quarante ans, de lui servir d’alibi démocratique sans réelle volonté de prendre un jour sa place.

John Fru Ndi quitte la scène alors que son parti doit tenir son congrès au mois de juillet prochain. Il laisse ainsi le SDF amoindri et profondément divisé depuis un moment déjà par des querelles internes.