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Procès de Kumba : des associations dénoncent un simulacre

22 octobre 2021

Ce 24 octobre, cela fait un an que des hommes armés ont pris d'assaut une école de Kumba. La façon dont ils ont été jugés fait toujours polémique.

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Kamerun, Buea
Image : DW/F. Muvunyi

Le 7 septembre, le tribunal militaire de Buea condamne à la peine de mort avec fusillade sur la place publique quatre des douze accusés dans cette affaire. Des accusés présentés comme des séparatistes anglophones.

Problème : Human Right Watch et plusieurs associations des droits humains pointent toute une série d’irrégularités dans le processus qui a conduit à cette sentence. Par exemple le fait que les tribunaux relèvent du pouvoir exécutif et non du pouvoir judiciaire, explique Ilaria Allegrozzi, chercheuse chez HRW. Les personnes qui y travaillent sont en général des militaires inféodés au pouvoir exécutif selon elle.

"Les avocats de la défense nous ont décrit ces multiples vices de procédure pendant le procès " (Ilaria Allegrozzi)

"Les avocats de la défense avec qui nous nous sommes entretenus, nous ont décrit ces multiples vices de procédure pendant le procès. Et notamment le manque d’indépendance et d’équité du processus auquel les civils sont confrontés devant un tribunal militaire. La défense n’a pas été autorisée à contre interroger les témoins, les avocats de la défense nous ont dit que l’accusation présentait tous ces éléments de preuve dans des déclarations écrites sans convoquer des témoins qui auraient pu être interrogés sur la teneur de leur déclaration. Et prononcer une condamnation sur base de témoignages non vérifiés et des témoins absents viole les normes du procès équitable," déplore la chercheuse.

Un procès pour quelle sentence ?

Maxime Bissay, président de l'ACAT-Cameroun et chef de file de la Maison des droits de l'homme sur place salue lui le fait qu'un procès ait bien eu lieu. Mais dénonce aussi les conditions de celui-ci. "Le recours au tribunal militaire pour juger des civils relève également d’une irrégularité. Nous l’avons toujours dénoncé. Nous sommes évidemment questionnés sur la célérité qui a animé le tribunal militaire au point que, juste onze mois après ces attaques, une sentence soit prononcée pour une affaire assez délicate comme celle-là. Nous disons qu’il y a certainement quelque chose que l’on a voulu justifier," analyse l’activiste des droits de l’homme.

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Pourquoi cibler les enfants ?

D'autres tentent d'aller au-delà de cette polémique. Ce qui est le plus important est de dénoncer les coupables, et de faire savoir que les sécessionnistes s’en prennent aux élèves, insiste Joseph Vincent Ntuda Ebode, coordonnateur du Centre de recherches et d'études politiques et géostratégiques de l'université de Yaoundé II au Cameroun. "C’est une affaire où il faut chercher qui est à l’origine et qui sont ses complices, cela prend du temps à moins que l’on pense que la justice consiste à identifier les gens sans preuves et du coup, les juger coupables. Vous savez que les sécessionnistes ont décidés que l’écolene doit pas avoir lieu, donc, en permanence, ils tirent généralement sur ceux qui vont à l’école," assène l’enseignant.

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Le 14 octobre, un gendarme a tué une écolière de 5 ans avant d'être lynché à mort dans la partie anglophone du Cameroun, une région en proie à un sanglant conflit opposant les forces de l'ordre et les séparatistes depuis cinq ans. Les deux camps sont régulièrement accusés par les ONG internationales et l'ONU d'exactions et de crimes contre les civils.

 

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash