L'Allemagne renforce sa coopération militaire avec le Niger
14 avril 2023Deux ministres allemands viennent de séjourner au Niger et au Mali. Deux pays qui font face aux attaques djihadistes.
Le ministre de la Défense, Boris Pistorius, et la ministre du Développement, Svenja Schulze, étaient en déplacement dans ces deux pays où sont présents des soldats allemands.
Au cœur de la visite des deux ministres était la sécurité et le développement au Sahel. Pour les émissaires allemands, sans sécurité, le développement n'est pas possible. Et sans développement, la sécurité n'a pas de sens.
A Gao, où ils ont rendu visite aux soldats de la Bundeswehr, le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a regretté la dégradation de la situation sécuritaire dans certaines régions du Mali alors que les soldats allemands devront quitter le pays en mai 2024.
"Je regrette beaucoup que notre mission prenne fin de cette manière car il est apparu clairement aujourd'hui encore dans les discussions que nous nous trouvons face à un véritable dilemme. La situation au Mali ne s'est pas améliorée et si notre mission n'a pas pu aboutir, c'est à cause des conditions ici. Ce n'est pas par la faute de la politique allemande, et encore moins celle de la Bundeswehr et de ses soldats."
Difficile de travailler au Mali
La Bundeswehr a pour but de protéger la population civile, de stabiliser le pays et d'assurer la sécurité. Elle fait partie de la mission des casques bleus de l'Onu, la Minusma. 1.100 soldats allemands sont présents au Mali. Mais, depuis plusieurs mois déjà, la Bundeswehr ne peut plus remplir sa mission.
Après deux coups d'Etat militaires au cours des deux dernières années, beaucoup de choses ont changé. Le nouveau dirigeant malien, le colonel Assimi Goïta, mise désormais sur la Russie comme nouveau partenaire.
Le Mali compte parmi les pays les plus pauvres du monde. La plupart des quelque 23 millions d'habitants vivent en milieu rural. Les crises auxquelles les habitants sont exposés sont nombreuses. Et toutes sont liées : crise sécuritaire avec l’afflux de déplacés internes, crise climatique, crise de la faim et de l'emploi.
Désormais, 8,8 millions de personnes au Mali dépendent de l'aide humanitaire.
L'aide humanitaire maintenue
Mais si les soldats partent, les humanitaires restent. La ministre du Développement, Svenja Schulze, a envoyé un message clair : "Nous continuerons à être présents avec l’aide au développement".
"Je viens de m’entretenir avec des femmes qui sont très actives au niveau local. Elles ont témoigné une fois de plus de l’importance de notre action, pour l'accès à l’eau, le soutien à l’agriculture, afin que les gens puissent subvenir par eux-mêmes à leurs besoins. Et combien il est capital d’investir dans l’éducation. "
La Welthungerhilfe, une ONG allemande de lutte contre la faim, veut ainsi rester après le départ de l'armée allemande. L'organisation travaille dans les régions les plus dangereuses du Mali avec une équipe d'environ 150 assistants locaux et internationaux.
La coopération militaire sur une base bilatérale
Au cours d'un point de presse à Bamako, ce vendredi 14 avril, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a laissé entendre que son pays avait l'intention de continuer de former les soldats maliens. Le but étant de rendre le Mali capable lui-même de protéger son peuple.
Ainsi, "trente militaires (maliens) sont actuellement en formation en Allemagne", a encore déclaré Boris Pistorius, illustrant ce plan allemand de formation.
Le Niger rassure davantage
L'Europe ne veut cependant pas laisser le champ libre à la Russie et à la Chine qui accroissent leur influence au Sahel. C'est pourquoi l'Allemagne restera présente dans la région. Et elle a déjà identifié un nouveau partenaire, à savoir le Niger.
En provenance du Mali, les djihadistes s’infiltrent de plus en plus dans le pays. Le gouvernement nigérien a ainsi réclamé le soutien de l'Allemagne. Le ministre de la Défense, Boris Pistorius, veut envoyer des soldats pour continuer à soutenir la mise en place des forces armées nigériennes. "C'est vraiment une coopération d'égal à égal. On nous veut expressément ici", a-t-il déclaré.
Contrairement donc au Mali, le gouvernement nigérien du président Mohamed Bazoum mise sur le partenariat avec l'Occident plutôt qu'avec la Russie.