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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron19 septembre 2003

Guinée-Bissau - RDC

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Cette semaine la presse allemande ne manque pas de commenter le dernier coup d'Etat militaire en Afrique - celui qui a renversé le président Kumba Yalla en Guinée-Bissau. Un coup d'Etat condamné pour la forme, mais plutôt bien accueilli. « Un bon putsch » ? titre par exemple la Frankfurter Allgemeine Zeitung, en assortissant quand même ce titre d'un point d'interrogation. La chute de Kumba Yalla, fait remarquer le journal, soulève une fois de plus la question suivante : comment traiter les chefs d'Etat démocratiquement élus qui, après leur élection, ne veulent plus entendre parler de démocratie. Si Kumba Yalla l'a emporté en 2000 à l'issue d'élections libres et équitables, ce qui a suivi est familier aux dictatures : mauvaise gestion économique allant jusqu'à la paralysie de l'économie, répression de la liberté d'opinion, intimidation de l'opposition et obstacles à de nouvelles élections. D'ailleurs, souligne le journal, le président en exercice de l'Union africaine, le Mozambicain Joaquim Chissano, a fait savoir que ce coup d'Etat ne l'avait pas surpris. La Guinée Bissau, note de son côté la Tageszeitung de Berlin, a longtemps attendu ce putsch. Kumba Yalla mécontentait depuis longtemps déjà la plupart des 1,2 million d'habitants de ce petit pays misérable. Ce philosophe élu à la tête de l'Etat à l'âge de 47 ans, toujours coiffé en public de son bonnet rouge, passait pour un alcoolique et un despote. Le casque remplace le bonnet rouge, titre notre confrère, mais les nouveaux dirigeants veulent mettre fin à une crise. Le président déchu était considéré comme un facteur d'instabilité.

La difficile pacification du nord-est de la République démocratique du Congo fournit cette semaine un autre thème de réflexion à la presse allemande. Le dossier reste d'actualité pour un journal comme la Frankfurter Rundschau. Après la fin de la mission européenne Artemis à Bunia, note le journal, la force de l'ONU - la MONUC II - peine à maintenir le calme et l'ordre. Ce faisant elle doit faire un usage croissant de la force, comme en témoignent les récents affrontements entre casques bleus et miliciens de l'UPC, le plus puissant groupe rebelle sur place. La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie quant à elle un reportage sur la ville de Béni, dans le Nord-Kivu. Béni où il y a beaucoup d'argent, on s'en aperçoit dès qu'on atterrit sur le petit aéroport, écrit notre confrère. On y croise des hommes d'affaires qui ont souvent deux téléphones portables à la main. Chez les riches Congolaises il est chic de porter des perruques blondes ou rousses. On voit beaucoup de perruques à Beni. Mais la richesse de quelques-uns n'a pas déteint sur la ville - encore que, comparée à d'autres villes de l'est du Congo, Beni possède une attraction : sa rue principale est goudronnée sur au moins un kilomètre. Qui sont les maîtres de la région, s'interroge le journal. Après de laborieuses négociations un gouvernement de transition a certes été mis en place à Kinshasa. Mais la paix n'est pas encore arrivée dans le nord-est du Congo. Une liste établie par les Nations unies y dénombre pas moins de vingt groupes armés différents.

On termine sur une note plus optimiste avec le portrait d'une juriste nigérienne publié dans la Tageszeitung. Elle s'appelle Mariama Cissé, et elle vient de recevoir à Dresde le prix des droits de l'homme de la fédération des juges allemands. Par son action pour la promotion des droits de la femme au Niger, Mariama Cissé, souligne le journal, entend à la fois renforcer la jeune démocratie dans son pays, être un exemple et appuyer le développement d'une société civile. Car c'est l'unique moyen de donner une chance à la démocratie et aux droits de l'homme en Afrique.