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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron27 août 2004

RDC – Kenya

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Nous commençons par la crise persistante en République démocratique du Congo. Une crise qui pour la tageszeitung de Berlin offre aussi la chance d’un nouveau départ. Au bout de sa première année, le processus de paix se heurte à ses limites naturelles, écrit le journal. Il est clair que les institutions mises en place à Kinshasa ne sont pas en mesure d’établir un pouvoir étatique stable dans toutes les parties du pays, ni de démobiliser les armées et milices qui ont combattu jusqu’à présent. L’aide internationale et la créativité sont interpellées. D’ici à la fin septembre, le conseil de sécurité de l’ONU devra prendre une décision sur l’élargissement et la modification de la mission des Nations unies. Il se peut, estime le journal, que la communauté internationale n’ait d’autre choix que de prendre elle-même en main la démobilisation des milices, la réforme de structures économiques corrompues et la préparation d’élections libres. Le même journal, la Tageszeitung, consacre par ailleurs une page entière à ce qu’il présente comme la base de toutes les guerres qui ont sévi jusqu’à présent dans la région, à savoir le statut, toujours flou, de la minorité d’origine rwandaise dans l’est du Congo. Le massacre il y a deux semaines, au Burundi, de 160 réfugiés banyamulenge congolais a remis un vieux problème au centre des débats. Pour beaucoup d’habitants du Congo, note le journal, les Banyamulenge et autres populations rwandophones des provinces du Kivu sont des Rwandais, donc des étrangers. Des nationalistes radicaux en concluent que la clé de la paix réside dans l’expulsion ou l’assassinat de ces étrangers. Ce comportement a toujours été la clé de la guerre.

Au Kenya, les Masaïs sont en colère. Ils réclament la restitution de leurs terres, cédées aux Britanniques à l’époque de la colonisation. Leur manifestation, mardi dernier à Nairobi, a été réprimée par la police. La presse allemande se fait l’écho de leurs revendications.

La Frankfurter Rundschau nous explique effectivement qu’en août 1904 le chef masaï Laibon Lemana a signé avec le gouvernement colonial britannique un bail d’une durée de cent ans. Aujourd’hui les Masaïs demandent que ces terres leur soient rendues, puisque le bail est arrivé à expiration. Selon eux, note le journal, dix grands exploitants agricoles, pour la plupart des Kényans blancs d’origine britannique, possèdent un million d’hectares. Mais les Masaïs ont peu de chances d’obtenir gain de cause. Le gouvernement, poursuit le journal, a pris parti pour les fermiers blancs. Il n’est pas question pour lui de reconnaitre les contrats conclus à l’époque coloniale. Quant à l’opinion publique kényanne, elle s’intéresse peu au combat des Masaïs – ces derniers ne représentent que 2% des 30 millions de Kenyans.

Enfin la presse allemande nous présente cette semaine un homme d’affaires africain qui a connu une réussite prodigieuse. On le surnomme même le Bill Gates de l’Afrique. De son vrai nom il s’appelle Strive Masiyiwas, et à 43 ans, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, ce Zimbabwéen a créé un empire. C’est la compagnie de téléphonie mobile Econet, qui s’étend sur sept pays africains. Mais sourtout, souligne le journal, ce chef d’entreprise qui lit tous les matins la Bible mène ses affaires comme nul autre en Afrique: avec une honnêté inflexible, une aversion aussi grande pour la corruption que pour Satan. Le journal nous relate aussi le combat juridique mené pendant six ans par Strive Masiyiwas contre les autorités zimbabwéennes avant d‘obtenir enfin le démarrage d’Econet en 1999. Un triomphe qu’il a chèrement payé. Etiqueté comme ennemi de l’Etat, il a tourné le dos à son pays et vit aujourd’hui en Afrique du sud.