L'Afrique du Sud joue sa place sur l'échiquier mondial
29 mai 2024Les Sud-Africains sont appelés aux urnes aujourd'hui, pour renouveler leur Parlement. Des élections d'autant plus importantes que les élus choisiront ensuite le président, et que cette année, l'ANC pourrait perdre sa majorité absolue.
Or une alternance politique à la tête de l'Afrique du Sud aurait des répercussions non seulement dans le pays, mais aussi à l'étranger.
Un "global player"
L'avis de l'Afrique du Sud compte. Steven Gruzd n'en doute pas un instant. Il est directeur du programme gouvernance et diplomatie africaines à l'Institut sud-africains de relations internationales (SAIIA). "L'Afrique du Sud est un acteur important sur la scène internationale", affirme-t-il. "Et elle est courtisée par d'autres pays, surtout en Afrique. L'Etat sud-africain défend des dossiers qui sont importants pour le continent, qu'il s'agisse de commerce, de conflits ou de questions humanitaires."
L'Afrique du Sud fait office de médiatrice et aide à la résolution de conflits. Sur le continent africain, en 2022 par exemple, avec la guerre au Tigré, en Ethiopie. Mais ailleurs dans le monde aussi : le président Cyril Ramaphosa a eu des entretiens téléphoniques avec Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky au sujet de la guerre en Ukraine. Il faisait aussi partie de la délégation africaine qui s'est rendue en juin 2023 à Kiev et à Moscou.
Pretoria s'est aussi récemment illustrée par un autre type d‘intervention en déposant une plainte contre l'Etat d'Israël devant la Cour internationale de justice. L'Afrique du Sud soupçonne les autorités israéliennes de commettre des actes qui s'apparentent à un génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza.
C'est aussi suite à une demande expresse de l'Afrique du Sud que la CIJ a demandé la semaine dernière à l'Etat hébreu d'"arrêter immédiatement son offensive militaire" à Rafah.
D'ailleurs, les autorités sud-africaines ont parfois été critiquées pour leur diligence, d'un côté, à défendre le peuple palestinien contre les atrocités commises par l'armée israélienne, mais de l'autre, leur persistance à refuser de demander des comptes à la Russie pour ses violations de la Charte des Nations unies.
Pour une émancipation du "Sud global"
Avec l'avènement de la démocratie sous Nelson Mandela, l'Afrique du Sud s'est évertuée de redevenir actrice sur la scène internationale, après des décennies d'isolement diplomatique sous l'apartheid.
Lwazi Somya New, de l'organisation de la société civile sud-africaine Salo, estime que cette histoire de son pays explique ses prises de position en faveur des droits humains et du droit international.
L'engagement de l'Afrique du Sud se traduit aussi au sein de l'Union africaine. Elle est par ailleurs le seul pays africain membre du G20 et membre des Brics.
Sanusha Naidoo, de l'Institut pour un dialogue mondial, à Pretoria, estime que "les Brics, pour l'Afrique du Sud, cela représente beaucoup. Il s'agit de voir comment essayer de réduire certains des coûts de transaction qui sous-tendent notre économie et d'avoir accès à des biens et des services au sein du système d'échange des Brics. Il ne s'agit pas. de supplanter le système international ou ses institutions, mais de les compléter tout en réduisant le risque d'une trop grande dépendance au dollar".
Pretoria réclame une réforme des institutions financières internationales que sont le Fonds monétaire international et l'Organisation mondiale du commerce pour que ces institutions réagissent plus rapidement aux besoins des pays en développement.
Plus généralement, l'Afrique du Sud se veut porte-voix du continent africain, et même du "Sud global", par exemple au sein du mouvement des pays non-alignés, de l'Organisation mondiale du commerce et de la coalition Basic pour le changement climatique qui regroupe le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Inde et la Chine.