Une déclaration décevante sur la Syrie
4 août 2011Une résolution est contraignante, en témoigne le texte adopté en mars par le Conseil de sécurité qui autorisait le recours de la force en Libye. Mais cette fois, les pays membres ont voté une simple déclaration, ils se contentent de condamner les violations généralisées des droits de l'homme en Syrie. Il semble que la répression sanglante de la ville de Hama de ce week-end ait changé la donne, l'opposition parle de 130 morts lors de ces quatre derniers jours. Alors, certes, les dirigeants du monde se félicitent de cette déclaration onusienne, Berlin parle d'un signal clair à Damas. Mais il faut lire la déclaration entre les lignes pour y voir l'art du compromis de la diplomatie : l'ONU « appelle toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter les représailles, y compris contre les institutions de l'Etat. » Les Nations-Unies sous-entendent que les deux camps seraient responsables des violences. Après cinq mois de révolte et plus de 1600 civils tués par les forces de l'ordre selon les ONG, cela peut faire sourire… Par ailleurs, la déclaration ne comporte aucune référence à d'éventuelles sanctions, difficile d'imaginer qu'elle puisse changer quelque chose.
Moscou balance
Le président syrien Bachar al-Assad a certes voulu donner bonne impression au lendemain du vote de cette déclaration en promulguant un décret qui autorise le multipartisme, comme il l'avait annoncé le 24 juillet dernier. Mais en réalité, dans la Constitution syrienne, le parti Baas au pouvoir est toujours le « parti qui dirige l'Etat et la société ». Depuis le début du mouvement de protestation, le chef d'Etat amorce certes quelques réformes, en réalité, il ne cesse de réprimer les manifestations. Au moins 45 civils ont encore été tués mercredi soir lors d'un assaut de l'armée à Hama. Le seul point positif au tableau est peut-être le virement de bord de la Russie, qui jusqu'ici menaçait d'apposer son véto au Conseil de sécurité de l'ONU, en raison de ses intérêts stratégiques dans la région. Or, il semble que Moscou trouve désormais que Damas dépasse les bornes. Cette consolation est certes maigre pour l'opposition, mais elle va devoir s'en contenter, car la communauté internationale ne fera pas plus.
Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Jean-Michel Bos