Un scandale qui fait des heureux
16 mai 2011Il aurait été plus facile d'accorder à Dominique Strauss-Kahn la présomption d'innocence, et pas seulement au sens juridique du terme, s'il n'y avait pas dans sa biographie quelques points qui laissent penser qu'il est atteint d'hyperactivité sexuelle, observe la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Mais ce qui est reproché au chef du Fonds monétaire international n'a plus rien à voir désormais avec ce que la presse à scandale répand d'habitude avec délectation. Ce sont des accusations d'un calibre qui, si elles se vérifiaient, exigent des sanctions pénales sévères. Et quant aux conséquences pour la carrière politique de Strauss-Kahn, la FAZ souligne que, même en France, où les escapades érotiques des politiques sont vues avec discrétion et tolérance, cette tolérance touche ses limites lorsqu'il est question d'usage de la violence.
Pour la tageszeitung, l'image de Strauss-Kahn comme coureur de jupons était déjà largement connue. Et il ne manque pas de gens pour se réjouir de son malheur. Un scandale sexuel autour du favori des socialistes est une aubaine en particulier pour Marine Le Pen, du Front National. Ce Strauss-Kahn très "gauche caviar" est un exemple parfait pour sa campagne contre l'establishment pourri. Son élimination de la course électorale lui ouvre la voie vers un duel pour le pouvoir contre Sarkozy.
La Süddeutsche Zeitung voit dans ce scandale une opportunité pour des candidats peut-être moins charismatiques de tirer leur épingle du jeu dans la course à la présidence. Et le quotidien explique : à l'heure actuelle, les Français sont particulièrement irrités par leurs hommes politiques. Ils soupçonnent la classe dirigeante de mener grand train, pendant que la population se voit imposer une sévère politique de rigueur. Le comportement de Strauss-Kahn dans une suite de luxe à New York va encore renforcer ce mécontentement.
Dans un tel contexte, un candidat plus sobre pourrait être bien accueilli. Même Sarkozy l'a compris. Longtemps critiqué pour son côté bling-bling, il travaille désormais à se forger une image plus dépouillée. La prochaine campagne pourrait devenir un peu plus ennuyeuse, mais gagner au passage en substance.
Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Jean-Michel Bos