Un revenant nommé DSK
4 juillet 2011La question du retour de Dominique Strauss-Kahn sur la scène politique française déclenche des réactions de gêne évidente, constate die tageszeitung. Le rôle de premier plan qu'il devait jouer pour les socialistes est, d'ores et déjà, quasiment réattribué. Ce qu'il risque de subir désormais, c'est le sort que l'on réserve à un revenant, que l'on avait déjà enterré au moins intellectuellement. L'éventualité qu'il demande à reprendre le film de sa carrière, là où il a été interrompu, met mal à l'aise ses amis politiques et cela ne devrait pas lui faciliter la tâche pour prendre une décision.
Toutefois, le quotidien estime que, si son image a été endommagée par les révélations sur ses relations d'aspirant-Casanova avec les femmes, cela n'empêchera pas DSK de faire son retour en politique en France ou à l'international.
Un point de vue que ne partage pas la Süddeutsche Zeitung, qui estime que les détails peu ragoûtants dévoilés sur Strauss-Kahn rendent une carrière politique inenvisageable, au moins hors de France. Mais les conséquences ne s'arrêtent pas là, selon le journal.
Dans cette affaire, personne ne s'en sort sans dommage : d'abord Dominique Strauss-Kahn et l'employée de l'hôtel, ensuite le parquet de New York, le Fonds monétaire international, les socialistes français, mais aussi les conservateurs, et bien sûr les médias du monde entier, qui ont enfreint le très important commandement qui veut que l'on ne condamne pas à la place des juges. Tous ceux là ont mis en branle une dynamique qu'ils n'ont ensuite pas été en mesure d'arrêter.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung s'intéresse à la Thaïlande, où l'on votait ce week-end : les législatives se sont passées comme on pouvait s'y attendre au vu des sondages. Les principales figures du camp "rouge", constitué autour de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, avaient été mises hors jeu par l'armée et les tribunaux. Ceux qui restent vont désormais gouverner. Difficile de dire s'ils parviendront à faire leurs preuves, même si l'on peut supposer que les bannis apporteront leur aide officieusement.
Mais le grand test est désormais pour ceux qui ont une nouvelle fois subi un revers dans les urnes. Les "jaunes" - et l'armée qui les soutient - doivent montrer qu'ils sont prêts à accepter une décision démocratique. La Thaïlande ne pourra progresser que lorsque la politique aura quitté la rue et les casernes pour reprendre sa place au Parlement.
Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Cécile Leclerc