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Tobias Bütow: "La jeunesse d'Europe pense européen"

Sandrine Blanchard | Frank Hofmann
22 janvier 2019

L'historien Tobias Bütow prend la tête de l'Office franco-allemand de la Jeunesse, l'OFAJ. Dans cette interview, il appelle à faire davantage pour que les jeunes puissent vivre pleinement leur "européanité".

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Tobias Bütow
Image : Schwarzkopf Stiftung/Adrian Jankowski

Interview de Tobias Bütow par Frank Hofmann.

 

DW: Au 1er mars, vous prendrez vos nouvelles fonctions de secrétaire-général de l'OFAJ à un moment où l'Europe traverse une crise profonde. Les jeunesses de France et d'Allemagne ont-elles elles aussi perdu l'envie de construire l'unité de l'Europe ?

Tobias Bütow: Au contraire. La jeunesse d'Europe pense plus européen que ce que l'on croit souvent. Ces dernières années, j'ai travaillé avec des élèves et des étudiants et je connais une large palette de jeunes gens qui sont des Européens convaincus et envisagent leur carrière professionnelle avec enthousiasme en Europe. Malheureusement, en Allemagne comme en France, on parle trop peu du parcours de ces jeunes-là qui étudient en France ou en Allemagne avec la même évidence, pour qui il est plus intéressant de travailler à Leipzig en tant que Français ou à Lyon en tant qu'Allemand. Le nombre de ces jeunes gens est en augmentation.

Deutsch-Französischer Freundschaftsvertrag
Image : picture-alliance/dpa/O. Berg

Car sans perspective européenne, lorsqu'on est pris dans une pensée uniquement nationale, on rate les occasions qu'offre le XXIe siècle. Il est donc d'autant plus important d'atteindre ces jeunes gens qui, du fait de leur origine sociale ou de problèmes financiers, ne peuvent pas bénéficier chaque jour des bienfaits de l'Europe. Ne perdons pas de vue qu'en Allemagne comme en France, les sociétés sont très divisées. Et une partie de la jeunesse aussi se laisse séduire par des discours nationalistes ou néo-nationalistes, dans différents pays européens. Dans le sud-est de la France, où le Rassemblement National d'extrême droite a quasiment la majorité absolue dans les communes, tout comme dans les communes est-allemandes où un parti anti-européen pourrait remporter les élections européennes.

Jean-Marc Ayrault: "Le Traité d'Aix-la-Chapelle aurait pu être plus ambitieux"

DW : Cela signifie-t-il que les jeunes gens sont les oubliés des dirigeants politiques ?

A mon avis, les responsables politiques en Allemagne et en France ont conscience de la dimension historique de la crise européenne actuelle.

C'est aussi pour cela que le Traité d'Aix-la-Chapelle est signé ce 22 janvier. C'est une nouvelle version du Traité franco-allemand de l'Elysée et donc du document fondateur de l'OFAJ. Avec ce nouveau traité, les habitants d'Allemagne et de France doivent encore plus se rapprocher, par le biais de la coopération des sociétés civiles ou des jumelages de villes, comme au début de la réconciliation franco-allemande. Un pas historique.

Deutschland Frankreich Konrad Adenauer Charles de Gaulle Elysee Vertrag
De Gaulle et Adenauer lors de la signature du Traité de l'Elysée, texte fondateur de l'OFAJ, en janvier 1963Image : AP

DW: Mais les écoles françaises proposent de moins en moins de cours d'allemand. Est-ce là un échec de l'Office franco-allemand de la Jeunesse ?

 Il ne faut pas confondre l'Office franco-allemand de la Jeunesse avec un ministère de l'Education ou une école. Au contraire. L'un des succès historiques de l'OFAJ, c'est d'avoir permis la rencontre de neuf millions de jeunes gens, français et allemands, et de leur avoir fait découvrir la culture de l'autre société. Une organisation internationale comme l'Office franco-allemand de la Jeunesse se doit d'accompagner le travail des ministères de l'Education et les établissements scolaires, des enseignants et des parents, pour motiver les élèves à prendre conscience du rôle-clef des compétences linguistiques et de l'Europe pour leur avenir professionnel.

Lire la suite : L'interview avec Tobias Bütow dans son intégralité (en allemand)