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Tchad : l'UA exige le respect des 18 mois de transition

21 mai 2021

L'Union africaine exige que la junte au pouvoir au Tchad achève en 18 mois un processus de transition démocratique débouchant sur des élections "libres, justes et crédibles".

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Image : Giscard Kusema/Press Office Presidency of DRC

L'Union africaine a finalement exigé jeudi (20.05) que la junte qui a pris le pouvoir à N'Djamena après la mort du président Idriss Déby Itno achève "en 18 mois" un processus de "transition démocratique" débouchant sur des élections "libres, justes et crédibles".

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Dans une résolution rendue publique sur son site internet le Conseil de Paix et de Sécurité  de l'UA "souligne la nécessité absolue que la transition vers un régime démocratique soit achevée dans le délai de 18 mois comme annoncé par le CMT à compter du 20 avril 2021.

"Il faut réviser la charte de la transition" (Bedoumra Kordjé)

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Le Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA insiste catégoriquement sur le fait qu'aucune forme d'extension de la période de transition ne saurait être acceptable pour l'UA.  

Le Parlement européen a été plus ferme à l'encontre des militaires au pouvoir. Les députés européens ont condamné la prise du pouvoir par l'armée.

Lors d’une session parlementaire jeudi (20.05) à Bruxelles, les parlementaires européens ont appelé à un retour à l’ordre constitutionnel.

"Au Tchad comme ailleurs, la place des militaires est de servir l’État et pas de se substituer à lui", a indiqué la députée belge Maria Arena. 

Cliquez pour écouter la députée belge Maria Arena

Les militaires gardent le pouvoir exécutif

Un Conseil militaire de transition (CMT) de 15 généraux présidé par Mahamat Idriss Déby, lui-même général à 37 ans, a pris le pouvoir le 20 avril en annonçant la mort du chef de l'Etat Idriss Déby Itno, officiellement tué au front contre des rebelles.

Le CMT a immédiatement dissout le gouvernement et le Parlement et abrogé la Constitution tout en promettant des élections "libres et démocratiques" au terme d'une "transition" de 18 mois renouvelable une fois. Mais, Bedoumra Kordjé,  l’ancien ministre du plan, de l’économie, des Finances et du Budget du président Déby, souhaite une modification de la charte de la transition,  afin dit-il de rassurer et d’émettre en confiance les Tchadiens. Bédoumra Kordjé  est un ancien fonctionnaire de la Banque africaine de développement. Il a occupé successivement les fonctions d’expert, chef de division, directeur des opérations, secrétaire général, puis Vice-président. En 2015, il a raté de peu la présidence de la Bad, après avoir été battu par son challenger, le Nigerian Akinwumi Adesina.

Dans une résolution rendue publique jeudi (20.05) sur son site internet, le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'UA "souligne la nécessité absolue que la transition vers un régime démocratique soit achevée dans le délai de 18 mois annoncé par le CMT à compter du 20 avril 2021.

Le CPS insiste sur le respect de ce délai "en affirmant catégoriquement qu'aucune forme d'extension de la période de transition prolongeant la restauration de l'ordre constitutionnel ne saurait être acceptable pour l'UA". 

Cette décision de l'UA avait été annoncée comme imminente depuis plusieurs jours. Puis elle a été repoussée, preuve des difficultés des pays membres de l'Union, dont certains sont opposés aux changements de pouvoir anticonstitutionnels, de se mettre d'accord, entre partisans d'une suspension du Tchad et de sanctions d'un côté, et de l'accompagnement de la transition promise par les militaires de l'autre.

Le président de transition et l'opposant historique Saleh Kebzabo à NDjamena
Le président de transition et l'opposant historique Saleh Kebzabo à NDjamenaImage : Presse- und Kommunikationsdienst der Präsidentschaft der Republik Tschad

L'UA "réitère son rejet total de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement sur le continent". Mais elle invoque un Tchad "confronté à des attaques graves et multiformes" de "mercenaires" parmi les rebelles venus de Libye, qu'elle "condamne fermement" (...) ainsi que "des terroristes de Boko Haram, de l'Iswap (le groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest) dans le Bassin du lac Tchad".

Un pays stratégique dans la lutte contre le terrorisme 

Le Tchad, avec une armée considérée comme la plus puissante de la sous-région, est un pays clé dans la lutte contre les djihadistes au Sahel.
Idriss Déby Itno, décédé à 68 ans, dirigeait le Tchad d'une main de fer depuis 30 ans. Il a été tué par les rebelles le 19 avril en allant commander lui-même son armée au front, selon N'Djamena. L'autorité électorale avait proclamé le soir même sa victoire pour un sixième mandat à la présidentielle du 11 avril, avec près de 80% des suffrages, mais ce n'est que le lendemain que le CMT a annoncé sa mort. 

Mahamat Déby, à la tête du CMT composé de 14 autres généraux parmi les plus fidèles à son père, s'était aussitôt autoproclamé président de la République pour la période de transition.