Tchad : la Première dame a reçu deux leaders d'Iyina

Par le passé, différentes revendications ont été formulées par la société civile qui accuse le pouvoir de ne pas tenir compte des problèmes sociaux de la population.

Des mouvements comme "Tournons la page" ou "Iyina", que l'on peut traduire par "Nous sommes fatigués", ont souvent demandé au pouvoir du président Idriss Déby de mettre en place une politique d'emploi, de lutter contre les inégalités sociales ou la cherté de la vie.

Une rencontre importante selon Nadjo Kaina

Nadjo Kaina, leader du mouvement Iyina a ainsi déclaré en 2016 que la seule solution des problèmes sociaux du Tchad serait la démission du président Déby. Après avoir rencontré la première dame, son discours semble ne plus être le même : "Même si à un moment donné, nous avons demandé à Déby de démissionner, aujourd'hui, la réalité est là : il reste président. Qu'est-ce que nous allons faire? Garder notre camp? Nous radicaliser et aller vers la violence? Je crois que le fait de rencontrer la première dame, qui est la secrétaire particulière du chef de l'état, permettra sûrement de faire bouger les lignes. Ce n'est pas un mal en soi, la première dame n'est pas notre ennemie, c'est une tchadienne, une mère, une sœur. Je crois qu'elle comprend mieux le cri des enfants tchadiens."

Un virage qui ne plaît pas à tout le monde

Nadjo Kaina incarne le visage d'une lutte contre l'injustice sociale au Tchad, un engagement qui lui a valu d'être emprisonné.

En 2016, faisant partie d'une plateforme nommée "Ça suffit", il avait ainsi été placé en détention avec Mahamat Nour Ibedou, actuel secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'homme.

Pour ce dernier cette réception au palais présidentiel met fin à une lutte entamée depuis longtemps : "Rencontrer la Première dame en soi n'est pas mauvais. Mais aller dire qu'il a un projet de sensibiliser la jeunesse contre le clivage nord-sud, ça veut dire qu'il est allé demander quelque chose à la Première dame pour mener ses actions. Cela démontre clairement qu'il a pris un autre virage qui n'est pas forcément à notre avantage et qui n'aide pas la lutte citoyenne."

Face à cela, les réactions de la jeunesse tchadienne sur la toile dénoncent un acte "ignoble" pour quelqu'un qui était considéré comme une figure de la lutte politique au Tchad.