Le Tchad et l’UA opposés sur la gestion de la transition ?
2 juillet 2021Officiellement, N’Djamena indique n’avoir pas été consulté sur la nomination de celui qui doit accompagner la transition tchadienne, le Sénégalais Ibrahima Fall. Le ministre des Affaires étrangères, Cherif Mahamat Zene, déplore ainsi que le Tchad ait appris cette nomination via les réseaux sociaux.
"Effectivement nous avons reçu une note nous annonçant l’arrivée d’Ibrahima Fall. Cette note est venue après la nomination et non avant. Il n’y a aucun problème entre l’Union africaine et le Tchad", insiste le ministre des Affaires étrangères. "Il y a eu effectivement un manquement dans la procédure. Il y a un préalable à résoudre. Et justement monsieur Bankole vient pour lever cette équivoque. C’est en fonction de ce que viendra dire monsieur Bankole que nous saurons si monsieur Ibrahima Fall peut venir au Tchad".
« Sujet sensible »
Contacté, Adeoye Bankole, le commissaire Paix et sécurité de l’Union africaine, qui doit se rendre au Tchad mercredi, a refusé de répondre à nos questions. Une autre source au sein de l’UA indique ne pas être au courant du refus du Tchad mais admet que le sujet est sensible.
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Pour autant, c’est entre le président de la commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, et le Conseil militaire de transition (CMT) que les rapports seraient tendus.
Selon Evariste Ngarlem Tolde, enseignant-chercheur à l’Université de N’Djamena, "Les gens voient une opposition entre le CMT et les velléités politiques de Moussa Faki Mahamat".
M. Tolde ajoute que "Ce n’est pas le premier problème qu’il y a. Le ministre des Finances avait écrit pour faire remplacer le frère de Moussa Faki Mahamat qui dirigeait il y a peu la Banque centrale du Tchad. Il y a eu bien d’autres proches qui ont été également remerciés de manière cavalière".
Moussa Faki Mahamat a été réélu début février pour quatre ans à la tête de la commission de l’Union africaine. N’Djamena a fait savoir qu’il est libre d’être candidat lors des prochaines élections au Tchad.
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Possible prolongement de la transition
Jusqu’à présent, l’attitude de l’Union africaine face à ce qui est considéré comme un putsch militaire au Tchad est jugé plutôt bienveillante. Mais cette stratégie pourrait se modifier si la transition militaire devait se prolonger. Or, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Cherif Mahamat Zene, ne cache pas qu’un prolongement est possible.
"Si cela arrive malgré nous, certainement au terme de la transition, on ne va pas dire qu’il faut tout laisser tomber parce que le délai a expiré. Il s’agit de la survie d’un Etat", explique cet ancien ambassadeur auprès de l’ONU et de l’UA.
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Le Tchad compte sur les partenaires financiers pour la tenue des prochaines élections. L’Union africaine exige que la transition n’excède pas 18 mois.
Selon l’enseignant-chercheur Evariste Ngarlem Tolde, l’attitude du Tchad constituerait à faire monter les enchères avant l’arrivée de l’Union africaine la semaine prochaine.