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Le Tchad veut amnistier rebelles et opposants

Blaise Dariustone
29 novembre 2021

La mesure présentée par le gouvernement vise à permettre la participation des groupes armés au dialogue national.

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Les principaux groupes rebelles s'étaient dits récemment disposés à participer au dialogue national mais sous certaines conditions
Les principaux groupes rebelles s'étaient dits récemment disposés à participer au dialogue national mais sous certaines conditionsImage : Chadian Army/AFP

C'est une amnistie qui concernerait près de 300 personnes. Celle présentée dans un projet de loi adopté lors d'un Conseil des ministres extraordinaire ce lundi (29.11). Le gouvernement veut accorder cette amnistie générale aux rebelles et opposants condamnés notamment pour "délits d'opinion", "terrorisme" ou "atteinte à l'intégrité de l'Etat". Elle répond à une des principales exigences des groupes rebelles pour discuter avec le pouvoir dirigé par le président militaire Mahamat Idriss Déby Itno, fils de l'ancien dirigeant tchadien.

Qui sont les concernés ?

Mahamat Idriss Déby
Mahamat Idriss Déby avait multiplié les signes d'ouverture aux groupes armésImage : Brahim Adji/Tchad Presidential Palace/AFP

Dans le détail, le premier projet d'amnistie devrait bénéficier à 39 rebelles et opposants condamnés porte sur des faits d'atteinte à l'intégrité de l'Etat et des délits d'opinion. Le second porte sur des faits d'acte de terrorisme, de complicité, de recrutement et d'enrôlement des mineurs de moins de 18 ans dans les forces armées. Ce projet vise à absoudre 257 membres des groupes armés des condamnations prononcées par la Cour criminelle en août 2019.

Une bonne chose pour certains... 

Ces deux projets de loi sont la "traduction de l'engagement exprimé par le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby", a indiqué le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement tchadien, Abderamane Koulamallah. 

"C'est un acte salutaire, très important" - Borh Gogoto

"Les Tchadiens ont décidé d'aller au dialogue qui nous permettra de nous dire un certain nombre de vérités, de nous pardonner et d'aller sur de nouvelles bases", estime Borh Gogoto, conseiller de la République, qui parle d'un acte salutaire. "Alors si aujourd'hui nous participons à ce dialogue sans les politico-militaires, je crois que ça serait un échec."

... Une consécration de l'impunité pour d'autres

Ce n'est pourtant pas l'avis de Ngaro Zolard, le rédacteur en chef du journal Le Citoyen. Celui-ci voit en ce projet de loi une consécration de l'impunité. "Le peuple tchadien recherche aujourd'hui la justice et non l'absolution des fautes", estime-t-il. Pour lui, ces projet de loi reviennent à banaliser la rébellion. "On ne va pas continuer éternellement à aller en rébellion et à chaque fois bénéficier d'une amnistie.''

Les deux projets de loi seront transmis dans les jours à venir au Conseil national de transition (CNT) qui fait office de Parlement provisoire pour être examiné avant leur validation.