Sommet euro-russe, comme un goût d'inachevé
15 décembre 2011Le président russe Dmitri Medvedev rejette ces accusations en bloc et refuse d'annuler le scrutin, en dépit des reproches que lui font les Européens.
L'entrée de la Russie dans l'Organisation mondiale du Commerce, qui doit être scellée demain à Genève, l'aide financière de Moscou qui vole au secours de la zone euro par le biais du FMI : ces points sont des motifs de satisfaction de part et d'autre.
La suppression des visas entre l'Europe et la Russie, voilà un thème un peu plus délicat, même si Bruxelles et Moscou rapprochent leurs positions, en vue de renforcer à terme les échanges, surtout commerciaux et universitaires. L'UE exige cependant de la Russie qu'elle instaure auparavant le passeport biométrique, pour éviter les contrefaçons.
Grincements de dents
Sur le plan politique, ça achoppe davantage. La Russie continue de brandir son veto au Conseil de sécurité pour empêcher l'adoption d'une résolution contre le régime syrien. Et les dissensions persistent également au sujet du programme nucléaire iranien.
Mais la principale source de tension, au sommet de euro-russe de Bruxelles, c'était surtout la politique intérieure russe. Qui ne regarde pas l'Europe, d'après la Russie. Un point de vue que ne partage pas le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, qui l'a souligné en présence de Dmitri Medvedev : "Nous sommes préoccupés par les irrégularités et le manque d'équité évoqués par les observateurs et une partie de la société civile russe. Nous sommes également inquiets de l'arrestation de manifestants. Nous saluons donc que vous ayez annoncé, Monsieur le Président, l'examen des problèmes d'équité et de neutralité du scrutin."
Critiques en Allemagne
Plusieurs responsables politiques allemands regrettent la mollesse du ton. Selon eux, la stabilité du régime n'excuse pas la violation des droits de l'Homme. Bernd Posselt, eurodéputé conservateur : "Il ne peut y avoir de stabilité sans démocratie. Cela fait partie des leçons que nous a données l'histoire." Au Bundestag, le Parlement allemand, les différents partis politiques ont apporté leur soutien aux manifestants et demandé aux autorités russes de libérer les militants interpellés et d'examiner les plaintes pour fraudes.
Réponse glaciale de Dmitri Medvedev aux reproches européens : "Je n'ai pas de commentaire à faire, parce qu'il s'agit de NOS élections. Elles ne regardent en rien le Parlement européen."
Pendant ce temps, en Russie, le Premier ministre Vladimir Poutine participait à une émission télévisée durant laquelle les téléspectateurs pouvaient lui poser des questions. Il en a profité, notamment, pour fustiger les manifestants de l'opposition qui contestent les résultats électoraux. Et confirmer un secret de polichinelle: s'il est réélu à la présidence russe en mars prochain, comme il le souhaite, son Premier ministre répondra au nom de... Dmitri Medvedev.
Auteurs : Christoph Hasselbach, Sandrine Blanchard
Edition : Anne Le Touzé