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Schröder et Poutine à la foire de Hanovre

Aude Gensbittel12 avril 2005

Poursuite de la foire industrielle d’Hanovre, dont la Russie est l’invitée d’honneur. Alors que le président russe Vladimir Poutine et le chancelier allemand Gerhard Schröder y ont célébré en grande pompe les relations économiques germano-russes et annoncé un partenariat stratégique entre leurs deux pays, la presse allemande ne se prive pas de dénoncer l’hypocrisie qui se cache derrière cette bonne entente.

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Le président russe Vladimir Poutine et le chancelier allemand Gerhard Schröder à Hanovre
Le président russe Vladimir Poutine et le chancelier allemand Gerhard Schröder à HanovreImage : AP

Pour la Süddeutsche Zeitung, lors de l’inauguration de la foire de Hanovre, Gerhard Schröder a loué la politique de réforme de Vladimir Poutine de façon tellement inconditionnelle, que même la télévision nationale russe n’aurait pas pu mieux le formuler. Avec sa solidarité illimitée envers le président russe, le chancelier a certainement donné un avantage aux entreprises allemandes. Mais ce n’est que dans plusieurs années, voire plusieurs décennies, que l’on ne saura s’il a vraiment assuré à long terme l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne.

Personne ne sait en quoi consiste exactement l’essence de cette touchante amitié virile que Gerhard Schröder et Vladimir Poutine célèbrent de nouveau à chaque occasion, écrit la Tageszeitung. Une chose est sûre en ce qui concerne la « poutinophilie » du chancelier, c’est que la politique et le privé sont intimement liés. Les récentes accusations de l’avocat du groupe Ioukos, poursuit la taz, selon lesquelles Gerhard Schröder serait complice de la chute du groupe pétrolier, vont certes un peu loin, mais elles ne sont pas complètement infondées. L’Allemagne, le chancelier et la Deutsche Bank ont en effet joué un rôle peu glorieux dans l’affaire, où l’amitié et les intérêts financiers ont été placés avant la démocratie et l’Etat de droit. Berlin a en tout cas perdu toute crédibilité pour jouer les donneurs de leçons démocratiques en Russie.

Pour la Frankfurter Rundschau, à moins de s’être laissé aveuglé par les promesses du partenaire économique, à Hanovre, chacun aura pu voir de nouveau la zone d’ombre morale qui entoure la politique russe de Berlin. Les affaires sont depuis longtemps florissantes, mais la devise du chancelier « Wandel durch Handel », le changement à travers le commerce, s’est-elle pour autant réalisée, se demande le journal. En ce qui concerne l’Ukraine, Vladimir Poutine, par souci économique, est revenu à un discours plus civil. Pour ce qui est de la Tchétchénie, des discussions tendues ont au moins été engagées dans le Caucase. Mais on ne peut pas pour autant parler de sincérité entre l’Allemagne et la Russie. La foire de Hanovre a simplement offert à Vladimir Poutine une nouvelle occasion de se présenter comme le partenaire irréprochable qu’il n’est pas. La corruption, les décisions arbitraires de l’Etat et la répression violente des mouvement d’autonomie, voilà un programme de discussions qui rendraient les belles perspectives économiques un peu plus sûres, également sur le plan politique.