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Crise au Proche-Orient : des actes antisémites en Allemagne

17 mai 2021

Des synagogues ont été attaquées en Allemagne lors de manifestations en soutien aux Palestiniens. La diplomatie allemande soutient traditionnellement Israël.

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Les autorités allemandes promettent une "protection sans failles" des synagogues et de la communauté juive d'Allemagne
Les autorités allemandes promettent une "protection sans failles" des synagogues et de la communauté juive d'AllemagneImage : Christoph Hardt/Geisler-Fotopres/picture alliance

La recrudescence de la violence au Proche-Orient trouve un écho dans les rues d'Allemagne. La diplomatie allemande soutient traditionnellement les autorités israéliennes. Mais une série d'actes antisémites en marge de manifestations de soutien aux Palestiniens a choqué le pays et certains politiciens réclament un durcissement des sanctions.

>>> Lire aussi : Les origines des tensions entre Palestiniens et Israéliens

Manifester pacifiquement contre la politique du gouvernement israélien est une chose. Et c'est autorisé dans un Etat démocratique comme l'Allemagne. Mais s'en prendre aux juifs ou aux symboles du judaïsme en Allemagne, cela est intolérable. Voici en résumé la position du gouvernement Merkel, exprimée par son porte-parole. Steffen Seibert a déclaré devant la presse :

"Quiconque attaque une synagogue ou s'en prend aux symboles du judaïsme montre qu'il n'en est plus à critiquer la politique d'un gouvernement mais bien à agresser et à propager la haine envers une religion et les personnes qui la pratiquent. A ceux-là, nous opposerons toute la force de notre ordre démocratique".

Après un attentat sur une synagogue par un militant d'extrême-droite, à Halle, en 2019
Après un attentat sur une synagogue par un militant d'extrême-droite, à Halle, en 2019Image : Hendrik Schmidt/dpa/picture alliance

Les autorités promettent une protection "sans faille" des synagogues et une "tolérance zéro" pour l'antisémitisme.

La chancelière a d'ailleurs rappelé plusieurs fois "le droit d'Israël" à se défendre.

Confusions entre juifs et autorités israéliennes 

Le publiciste juif Micha Brumlik estime, lui, que l'arrivée massive de réfugiés syriens en Allemagne a concouru à confondre dans le discours l'Etat d'Israël, la politique du gouvernement Netanyahu, et les juifs en général. Il l'a expliqué chez nos confrères de la radio allemande Deutschlandfunk :

"La critique de la politique de colonisation d'extrémistes de droite fondamentalistes israéliens en Cisjordanie est légitime. Cette critique existe mais la plupart des manifestations en Allemagne ont un sous-texte antisémite qui délégitime leur propos".

L'ombre de la Shoah planifiée par les nazis et de ses six millions de morts pèse toujours sur le débat public. Le chef du SPD a d'ailleurs désigné le Hamas palestinien comme l'"agresseur" dans la crise actuelle.

On peut critiquer la politique israélienne sans tomber dans l'antisémitisme, rappelle le chercheur Micha Brumlik
On peut critiquer la politique israélienne sans tomber dans l'antisémitisme, rappelle le chercheur Micha BrumlikImage : Kai Pfaffenbach/REUTERS

Les partis prennent position

Pour les actes commis en Allemagne, le président CDU du Bundestag, Wolfgang Schäuble, appelle quant à lui à appliquer "toute la dureté" de la loi contre les auteurs de violences et estime qu'il faut "la plus grande protection possible de la communauté juive et de ses structures". D'où l'idée d'un renforcement de la coopération des services de renseignement nationaux et régionaux sur ce dossier, par exemple.

>>> Lire aussi : A Yad Vashem, Steinmeier met en garde contre un regain d'antisémitisme

Certains au sein de la CDU/CSU reprennent une proposition de l'AfD et suggèrent d'expulser les immigrés qui se rendraient coupables d'antisémitisme.

 Le vice-président de la CDU (Thorsten Frei) a ainsi déclaré dans une interview : "Qui refuse la vie juive en Allemagne ou remet en cause le droit d'exister de l'Etat d'Israël ne peut pas avoir sa place dans notre pays".

A gauche, Gregor Gysi déplore le problème d'antisémitisme d'une certaine frange de musulmans et il appelle les musulmans "raisonnables" à protester davantage contre le dévoiement de leur religion par des "extrémistes".

Au centre, des élus du FDP réclament que cesse le financement, par des structures étrangères de mosquées situées en Allemagne et l'introduction, en cours de religion à l'école, du thème de l'antisémitisme.

Une manifestation pro-Israéliens à Leipzig, le 15.05.21
Une manifestation pro-Israéliens à Leipzig, le 15.05.21Image : Dirk Knofe/dpa/picture alliance

Un rapprochement amorcé de longue date

Au Proche-Orient, Berlin s'aligne sur la position européenne et prône une solution à deux Etats. Le gouvernement allemand multiplie les appels en direction des mouvements palestiniens pour que leurs tirs de roquette cessent.

Parallèlement à cela, la ligne politique dure de Benjamin Netanyahu, notamment sur la colonisation des territoires palestiniens, ne suscite pas l'adhésion de l'Allemagne mais la coopération militaire entre les deux pays a été renforcée, jusqu'à la tenue, en 2020, des premiers entraînements communs de pilotes de chasse allemands et israéliens.

L'Allemagne est aussi le premier partenaire économique d'Israël en Europe.

A titre d'exemple, enfin, de solidarité avec la communauté juive, à Bonn, à quelques pas de notre maison de la radio, des citoyens ont fait un sit-in pendant trois jours devant la synagogue, également ciblée par des attaques la semaine dernière. Le rassemblement s'est terminé mais ils ont laissé une chaise sur place, afin d'inviter leurs concitoyens à venir s'asseoir, de temps à autre, pour continuer à protester contre l'antisémitisme.