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Coup de chaud à Bruxelles sur la question migratoire

Jean-Michel Bos
14 décembre 2017

Le président du Conseil de l'UE, Donald Tusk, a déclenché la colère de la Commission en affirmant que les quotas obligatoires de migrants sont "inefficaces" et qu'ils créent la division.

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Brüssel, Dimitris Avramopoulos, EU-Kommissar Migration
Image : picture-alliance/V.Mayo

Alors que la Commission européenne s'efforce de relancer un plan de quotas de relocations moribond afin de soulager les pays du Sud comme l'Italie et la Grèce, le président du Conseil de l'UE, Donald Tusk, a créé la polémique à la veille d'un sommet européen qui débute jeudi (14 décembre) à Bruxelles.

Donald Tusk a affirmé, dans un document destiné aux Etats membres, que les quotas obligatoires sont "inefficaces" et qu'ils créent de la division.

Une appréciation qui a déclenché la fureur de la Commission européenne et une profonde irritation à Berlin et Paris qui veulent accroître la pression sur les pays d'Europe centrale et orientale afin que ceux-ci accueillent plus de réfugiés.

"Il est temps de s'engager plus directement sur les questions politiques sensibles de la migration", a tweeté Donald Tusk. "Afin de briser les blocages au Conseil des ministres et préserver notre unité."

La dispute actuelle met le doigt sur une divergence essentielle entre les pays européens. A l'origine de la polémique : le système d'accueil des réfugiés, dit de Dublin II, qui oblige les demandeurs d'asile à déposer leur requête dans le premier pays où ils ont pénétré l'espace européen.

Résultat : les pays comme l'Italie ou la Grèce croulent sous les demandes et la crise de 2016 a montré à quel point le système ne fonctionnait plus.

Entre l'ouverture, puis la fermeture, de la route des Balkans, l'Allemagne a pour sa part accueilli plus d'un million de réfugiés.

Pour mieux répartir la charge des migrants entre les pays membres de l'Union, la Commission a sorti en 2015 un plan visant à relocaliser de manière obligatoire 160.000 réfugiés depuis l'Italie et la Grèce. 

Mais plus de deux ans plus tard, seuls 32.000 migrants ont pu être relocalisés et parmi eux, quasiment aucun dans les pays d'Europe centrale et orientale qui refusent tout "diktat" de Bruxelles sur la question migratoire.

"Inacceptable et anti-européen"

Alors que la Commission s'efforce de relancer ce plan et menace les Etats récalcitrants de sanctions, le président du Conseil de l'Union européenne, Donald Tusk, qui est polonais et représente les Etats membres, a jeté un pavé dans la mare en publiant mercredi des recommandations indiquant que les quotas obligatoires sont "inefficaces" et "clivants".

Une appréciation qui a eu le don de faire sortir de ses gonds le commissaire à la Migration, Dimitris Avramopoulos.

"Le document préparé par le président Tusk est inacceptable, c’est anti-européen. Il ignore tout ce que nous avons fait dans le passé, et nous l’avons fait ensemble", a-t-il affirmé mardi (12 décembre) à Strasbourg.

Dimitris Avramopoulos estime qu’en dépit du fardeau que cela représente pour certains pays, la solidarité reste le seul moyen de relever tous ces défis.

"L’Europe sans la solidarité ne peut pas exister. Notre succès en matière de gestion des migration ne peut pas être attribué à un Etat membre de l’Union", a-t-il ajouté.

Le commissaire Avramopoulous a profité du débat en plénière au Parlement européen à Strasbourg pour rappeler sur Twitter que l'Europe n'est pas responsable de la mauvaise situation des réfugiés en Libye.

Pourtant c'est bien sur la souveraineté nationale de chaque Etat membre de l'Union européenne que porte la polémique. "C'est l'Italie qui a résolu la crise en Libye et l'Allemagne qui a pris le leadership pour l'accord avec la Turquie", indique une source européenne proche du dossier.

En écrivant que "seuls les Etats membres sont capables de faire face efficacement à la crise migratoire", Donald Tusk a rappelé à la Commission que dans ce dossier, les décisions se prennent plus à Berlin, Paris ou Rome qu'à Bruxelles.

DW Mitarbeiterporträt Jean-Michel Bos
Jean-Michel Bos Journaliste au programme francophone de la DW.JMBos