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Pourquoi Poutine est-il populaire chez certains Africains ?

4 avril 2022

Depuis le début de la guerre en Ukraine, une partie de l’opinion africaine apporte son soutien à Vladimir Poutine et à la Russie. Le président russe est considéré comme une alternative à la domination des occidentaux.

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Russland Moskau | Wladimir Putin während Videokonferenz
Image : Mikhail Klimentyev/AP/picture alliance

Le président russe est en effet parfois considéré comme une alternative à la domination des occidentaux. Paul-Simon Handy, qui dirige le bureau de l'Institut d'études et de sécurité à Addis Abeba, estime que voir l’Occident en difficulté fait ainsi plaisir à de nombreux Africains.

Mais il y a aussi, selon lui, l’image de l’homme fort, qu’on associe à tort ou à raison à Poutine, qui attire beaucoup sur le continent et ceci de manière très contradictoire, comme nous l’explique Paul-Simon Handy.

Cliquez sur la photo (ci-dessus), pour écouter l’intégralité de l’interview.

"Voir l’occident à la peine est une scène qui réjouit certains africains" (Paul Simon Handy)

 

DW : Qu’est-ce qui explique, selon vous, la poutinophilie, cette vague de sympathie en faveur de Vladimir Poutine, le président russe chez une partie des africains ?


Paul-Simon Handy : La sympathie tient à plusieurs facteurs. L'un d'eux est que pour plusieurs africains, voir l’occident à la peine est une scène qui réjouit. Et puis, Poutine, il faut  dire quand même à tous les attributs de l’homme fort. Il a les attributs du grand chef. Déjà physiquement. Lui-même est un adepte de karaté, dont il a la ceinture noire. C’est un leader extrêmement fort qui use et, même souvent, abuse des moyens de la répression que lui donne la possession de la force et de la violence légitime. Et il mène son pays d’une main de fer. Donc, ça attire beaucoup les Africains et pas seulement les dirigeants africains, mais même la population.

DW : Oui, mais, Paul Simon Handy, est-ce que ce n’est pas contradictoire que le président russe, Vladimir Poutine soit ainsi adulé par une partie des Africains, quand on sait que son régime est un régime autoritaire et lui-même est réputé pour son caractère belliciste ?

Vladimir Poutine et son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, lors du sommet Russie-Afrique à Sotchi en  octobre 2019
Vladimir Poutine et son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, lors du sommet Russie-Afrique à Sotchi en octobre 2019 Image : SERGEI CHIRIKOV/AFP


Paul-Simon Handy : C’est très contradictoire. Quelle que soit la sympathie qu’on puisse  avoir pour le président Poutine, il ne faut pas oublier que l’acte qu’il a commis, quels que soient les mobiles et quelles que soient les raisons, l’acte qu’il a commis est un acte qu’on ne voudrait pas voir se répéter dans le système international. Ce serait le retour à l’anarchie. Ce serait le retour à la loi du plus fort. Et les africains ne sont pas les plus forts dans le système international. Les Africains seront en fait, eux, à la peine, si la règle que la président Poutine voudrait, maintenant pérenniser dans le système international devrait devenir la norme.

DW : Franchement, est-ce que les occidentaux, eux-mêmes, n’ont pas contribué à cet état de fait ? Car beaucoup d’Africains leur attribuent tout le malheur du continent, même si c’est trop facile comme argument.

Paul-Simon Handy : Oui, bien sûr. Il y a eu une énorme provocation. Et c’est certainement une sous-estimation de la capacité de réaction de la Russie qui a poussé les occidentaux à ramener un acteur comme la Russie dans ces derniers retranchements. Oui, les Occidentaux ont certes une part de responsabilité. Mais ceci dit, cela justifie-t-il la destruction massive à laquelle la Russie se livre en Ukraine ? Je ne pense pas. Je pense qu’il faut faire la part des choses.