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Pas de front uni face à Paul Biya

Rodrigue Guézodjè
22 août 2018

Au Cameroun, l'opposition peine à s'accorder sur la façon d'affronter Paul Biya lors de la présidentielle du 7 octobre. Les concertations entre les sept candidats opposés au président sortant piétinent.

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Kamerun Paul Biya
Image : picture alliance/abaca/E. Blondet

Sujet Cameroun - MP3-Stereo

Les opposants camerounais ambitionnent comme ils le prétendent eux-mêmes, de "dégager" le président sortant qui, à 85 ans totalise 35 années dans le fauteuil présidentiel. Mais jusque-là, leurs rangs restent dispersés et chaque candidat opte plutôt pour la tactique du "chacun pour soi".

Pourtant, tous reconnaissent que la seule formule pour parvenir à leur fin, c'est-à-dire mettre un terme au règne de Paul Biya par les urnes, est de parler le même language, d'unir leurs forces afin d'imposer un candidat unique. Le plus jeune des candidats, Cabral libii, âgé de 38 ans, se dit plus que conscient de cette nécessité, mais déçu que ses démarches restent vaines:

"Se mettre ensemble accroîtrait les chances de l'opposition de gagner l'élection. Mais pour se mettre ensemble, il faut qu'il y ait une volonté de se mettre ensemble .J'avais proposé à tous des primaires de l'opposition mais personne n'a accepté de donner suite à cela."

Des expériences décevantes par le passé

Le Social Democratic Front, principal parti d'opposition, et son candidat Joshua Osih, hésitent à sceller à nouveau des alliances, échaudés par leurs précédentes expériences infructueuses pour la mise en place d'une coalition. Le parti reste cependant ouvert, affirme son secrétaire général Jean Tsomelou:

" Depuis 1997, nous avons tenté des candidatures uniques. En 97, c'était avec Bello Bouba Maigari, il s'était inféodé au pouvoir et après cette élection de 1997, il est entré au gouvernement. Nous avons tenté en 2004 avec Issa Tshiroma qui est l'actuel ministre de la Communication, et c'est lui qui dirigeait la coalition et il était à l'intérieur pour préparer la destruction de l'idée de la coalition, et après l'élection, il est allé au gouvernement. Donc cette fois-ci, nous avons réfléchi et nous avons pensé que si quelqu'un veut venir avec nous, qu'il vienne soutenir notre candidat."

Des candidats achetés au besoin

Chacun se dit ouvert au concensus, mais tous tentent de préserver leur propre leadership. A deux mois de l'élection à un seul tour, aucun d'entre eux n'a réellement fait le geste qu'il faut, de l'avis de Philémon Moubéké A Mboussi. Ce chercheur à l'Université de Yaoundé explique que les candidats de l'opposition devraient se départir de leur égo personnel:

" En dehors du problème d'égo personnel où chacun veut être président de la république, et c'est ça le drame de notre continent. Il y a aussi le fait que le parti au pouvoir ne s'arrange pas seulement à monopoliser le pouvoir, ils organisent la division de l'opposition, au besoin en achetant les opposants."

Sur la question du règlement de la crise anglophone par contre, tous les candidats sont unanimes : il va falloir retirer l'armée et ouvrir un dialogue franc et inclusif avec toutes les forces vives du Cameroun.