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La paix au Yémen n'est pas encore pour demain

13 avril 2023

Malgré les négociations en cours et le rapprochement entre l'Arabie saoudite et l'Iran, l'espoir de voir s'installer une paix durable au Yémen est mince.

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Poignée de main entre le chef politique des rebelles, Mahdi al-Mashat et Mohammed Al-Jaber, l'ambassadeur saoudien au Yémen
Une poignée de main qui soulève bien des espoirs entre à droite le chef politique des rebelles, Mahdi al-Mashat et à gauche Mohammed Al-Jaber, l'ambassadeur saoudien au YémenImage : SABA NEWS AGENCY/REUTERS

Elle avait l'air effectivement chaleureuse cette poignée de main échangée dimanche entre l'ambassadeur saoudien au Yémen et le chef politique des rebelles houthis. Elle a en tout cas fait naître une nouvelle lueur d'espoir sur l'issue des pourparlers qui se tiennent à Sanaa, la capitale yéménite, contrôlée par les Houthis.

Des discussions sous l'égide du sultanat d'Oman et qui portent notamment sur une trêve de six mois entre les deux parties belligérantes - le gouvernement internationalement reconnu et soutenu par l'Arabie saoudite et les Houthis alliés à l'Iran.

Une trêve et pourquoi pas la fin d'un conflit brutal qui oppose, par procuration, les deux grandes puissances rivales du Moyen-Orient. Depuis mars, Téhéran et Riad entendent cependant rétablir leurs relations diplomatiques, laissant entrevoir une accalmie pour le Yémen. 

Négociations tronquées

Problème : ni le Conseil présidentiel du Yémen – l'organe exécutif du gouvernement internationalement reconnu – ni d'autres parties yéménites n'ont été inclus dans les négociations. C'est pourquoi Marwa Baabbad, ne pense pas que la paix soit pour demain. Elle dirige le groupe de réflexion Yemen Policy Center Germany, basé à Berlin : 

"L'objectif d'Oman n'est pas de négocier une paix nationale large mais de convaincre les Houthis de mettre fin à leurs attaques transfrontalières et d'apaiser les relations entre les Saoudiens et les Houthis."

Une petite fille porte deux bidons d'eau dans un camp de réfugiés à Sanaa
Un demi-millions de morts, des milliers de personnes déplacées et au moins un tiers de la population qui dépend entièrement de l'aide internationale, selon les Nations unie. Voilà huit ans déjà que le Yémen est en guerre. Image : KHALED ABDULLAH/REUTERS

Le calcul à court terme de Riad

Sur ce dernier point, l'Arabie saoudite qui cherche à s'extirper de cette guerre coûteuse, a tout intérêt à coopérer même si sur le long terme, ce n'est pas la solution dit Abdulghani Al-Iryani, chercheur principal au Centre d'études stratégiques de Sanaa :

"L'Arabie saoudite poursuit des objectifs à court terme, au détriment de ses intérêts à long terme, à savoir une stabilité et une sécurité durables dans la région. Elle a donné aux Houthis le droit de représenter le Yémen, au détriment de toutes les autres parties."

Au final, selon le chercheur, cette situation, combinée au refus des Houthis de partager le pouvoir politique, pourrait même accélérer la déstabilisation d'un pays qui compte 21 gouvernorats et 333 districts.