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Mali : 527 civils tués en trois mois, selon l’Onu

Mahamadou Kane
31 août 2021

Dans un rapport, la Minusma note que ces violences contre les civils ont augmenté de 25% en trois mois. A Bamako, ce rapport est diversement accueilli.

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Des soldats maliens après une attaque djihadiste à Gao
Des soldats maliens après une attaque djihadiste à Gao Image : Yacouba Cisse/AP/dpa/picture alliance

25% d'augmentation dans les violations des droits de l'homme contre les civils entre le 1er avril et le 30 juin 2021. Ce sont les conclusions du rapport trimestriel de la mission de l'Onu au Mali publié lundi (30.08). Le nombre de personnes tuées dans le pays a aussi grimpé de 49% par rapport au trimestre précédent. Les cercles du centre du Mali demeurent l'épicentre des violences dans le pays.

Le rapport révèle aussi des exactions qui seraient commises par les forces armées maliennes et les forces internationales, notamment la force conjointe du G5 Sahel.

Ecouter le sujet de Mahamadou Kane, le correspondant à Bamako

(Re)lire aussi → Un rapport accablant pour la force française au Mali

Multiplication des foyers de tension

La note des enquêteurs de la division des droits de l'homme de la Minusma met l'accent sur la multiplication des foyers de tensions dans le pays avec désormais le sud, avec des localités comme Koutiala, Sikasso ainsi que le long de la frontière avec le Burkina Faso qui sont sous la menace des groupes terroristes. Au moins 527 personnes ont été tuées, blessées, enlevées ou portées disparues. Des violences qui seraient causées par les groupes terroristes, le GSIM lié à Aqmi ou la branche sahélienne du groupe Etat islamique dans la majorité des cas.

Selon Drissa Traoré, coordinateur national du projet conjoint association malienne des droits de l'homme (AMDH) et fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), " Il faut reconnaitre que ce travail de la division des droits de l'homme de la Minusma est important. Car aujourd'hui, rares sont les acteurs qui ont accès à un certain nombre de terrains pour pouvoir documenter ces violations graves des droits de l'homme. Si ces violations sont sous documentées et ne sont pas du tout documentées, il y a une forte chance que les victimes soient oubliées. Déjà même avec la documentation de ces violations, il y a moins d'actions judiciaires qui vont dans le sens de lutter contre l'impunité".

(Re)lire aussi → Les religieux à la rescousse de la paix au Mali

L’armée malienne indexée

Le premier ministre Choguel Kokalla Maïga aux côtés de l’armée
Le premier ministre Choguel Kokalla Maïga aux côtés de l’armée Image : Presse- und Kommunikationsdienst des Premierministers von Mali

Le rapport onusien pointe la responsabilité des militaires maliens dans 46 cas de violences dirigées contre les civils, soit une augmentation de 9% par rapport au premier trimestre 2021. Le collectif des membres du Conseil national de la transition (CNT) dénonce un complot de la communauté internationale, pour "déstabiliser le Mali".

Aboubacar Sidick Fomba, membre du CNT interroge : "Comment se fait-il que les forces Barkhane et onusiennes parviennent à identifier les civils terroristes des civils non terroristes ? Et comment au même moment les personnes tuées par les forces Barkhane et onusiennes sont des terroristes, mais les mêmes personnes tuées par l'armée malienne sont non terroristes ? Les ONG qui sont sur le terrain et qui donnent des informations sont financées par qui ? Comment ces ONG donnent des informations ? Comment elles sont protégées pour aller à la recherche de ces renseignements ?  Je considère ce rapport comme un non-évènement."

Le rapport des enquêteurs de l'Onu n'épargne pas les chasseurs traditionnels dozos qui se seraient rendus coupables de 157 cas de violences à travers des assassinats ou des enlèvements contre rançon. Les groupes armés signataires de l'accord pour la paix et la réconciliation seraient également impliqués dans au moins 6 cas de violences.