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Mali : les opérateurs économiques souffrent de l’embargo

Mahamadou Kane
26 août 2020

Alors que la Cédéao doit décider de l’allègement ou non des sanctions contre le pays, les commerçants dénoncent un embargo qui paralyse leurs activités.

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Les commerçants maliens espèrent que la Cédéao va lever les sanctions
Les commerçants maliens espèrent que la Cédéao va lever les sanctions Image : Habibou Kouyate/AFP/Getty Images

Le sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), initialement prévu mercredi, a été repoussé à vendredi (28.08.20). Les dirigeants de l’organisation sous-régionale doivent décider de l’allègement des sanctions contre le Mali.

Après le coup d’État militaire (mardi 18.08.20) qui a renversé le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, la Cédéao a pris des sanctions contre le pays pour favoriser un retour à l’ordre constitutionnel.  Parmi celles-ci, figurent la fermeture des frontières terrestres et aériennes ou encore l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les pays de la Cédéao et le Mali.  

Lire aussi →Le Mali n'en est pas à son premier coup d'Etat 

Inquiétude des opérateurs économiques

Les effets de l’embargo commencent à se faire ressentir. Une situation qui inquiète les acteurs du monde économique. Ils craignent ainsi un ralentissement de leurs activités.

"Nous trouvons l’embargo inadmissible" (Un opérateur économique)

Mamadou Sarr s’est spécialisé, depuis plusieurs années, dans l’importation des matériaux de construction à partir des ports des pays voisins. Depuis l’annonce de l’embargo imposé contre le Mali par la Cédéao, celui-ci ne décolère pas :  

"Toutes nos marchandises qui sont dans les ports d’Abidjan, de Lomé, Cotonou ou Dakar sont bloquées actuellement en raison des sanctions économiques et financières contre le Mali. En tant que citoyen, nous trouvons cela inadmissible et nous dénonçons cet embargo injuste et illégal." 

Après l’imposition de ces sanctions économiques et financières, les autorités maliennes ont décidé, à leur tour, de suspendre l’exportation du bétail vers les pays de la Cédéao. Sangueba Koumaré, éleveur au marché à bétail de Faladiè (quartier de Bamako), estime que ces sanctions n’iront pas loin : 

"Nous, nous avons le bétail, eux ils n’ont pas de bétail. Nous, on peut s’en servir entre nous ici, mais eux, ils n’en ont pas. Donc forcément, ils seront obligés de venir se ravitailler sur le marché malien. Je crois que ce ne sera pas quelque chose d’aussi durable que cela."                                                                                                                                                       

Le bétail malien n’est plus acheminé vers les pays de la Cédéa
Le bétail malien n’est plus acheminé vers les pays de la CédéaoImage : Imago/S. Danielson

« Éviter la surenchère »

De son côté, Gaoussou Coulibaly, président du marché rose, l’un des plus importants marchés de Bamako, appelle les commerçants à ne pas tomber dans la surenchère en cette période difficile pour le pays : 

"C’est un devoir patriotique pour chacun de nous, d’agir maintenant pour éviter la surenchère dans nos marchés. Nous exhortons nos opérateurs économiques à faciliter l’importation de la nourriture, des médicaments ou encore des hydrocarbures, des produits de première nécessité, indispensables à notre bien-être."

Selon l’économiste malien Cheickna Bounajim Cissé, les sanctions de la Cédéao, si elles venaient à perdurer dans le temps, pourraient considérablement affecter les populations maliennes.  

"Compte tenu de la situation géographique du Mali et de la nature même de son économie très extravertie, tout blocus, en tout cas tout embargo, ne pourrait effectivement que toucher l’ensemble des secteurs socio-économiques du pays."                              

La Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a, de son côté, rouvert ses agences à Bamako, Mopti et Sikasso, après une fermeture momentanée intervenue suite au coup d’État de la semaine dernière.